BlackRock/ESG : le jeu du Texas les gronde et récompense les victimes des deux côtés


C’est un cas de signaux de vertu croisés. L’État du Texas a récemment publié une « liste noire » des sociétés d’investissement. Elle les accuse de boycotter l’industrie des énergies fossiles via des politiques à visée environnementale, sociale et de gouvernance. Les organismes publics texans, notamment les fonds de pension, pourraient également céder leurs parts dans neuf sociétés d’investissement européennes cotées BlackRock

Bienvenue dans le monde de la double pensée éthique. Le gestionnaire d’actifs de 10 milliards de dollars en est emblématique. C’est le sac de frappe préféré des sceptiques et des fanatiques de la cause ESG.

Les groupes d’investissement ciblés ont deux ripostes. La première, que les boycotts sont contre-productifs, est l’autocritique implicite. La seconde est que l’investissement axé sur les valeurs est économiquement rationnel. Le changement climatique, par exemple, est une tendance inexorable qui crée des opportunités d’investissement.

Quant aux anciennes sociétés pétrolières et gazières, elles se positionnent furieusement pour la transition vers une énergie propre, même si les flux de trésorerie actuels proviennent d’origines sales.

La liste noire du Texas apparaît largement symbolique. L’État peut vendre lui-même des participations modestes dans les dirigeants. Mais ses investissements les plus significatifs sont dans des fonds gérés par eux. Ceux-ci resteraient inchangés.

Cette poussière fabriquée peut laisser chaque camp satisfait de sa propre victimisation sélective.

Auparavant, la Virginie-Occidentale avait interdit à cinq prêteurs de Wall Street des contrats d’État accusant JPMorgan et Goldman Sachs de s’engager dans un « boycott des sociétés énergétiques ». Plusieurs institutions ont envoyé des lettres quantifiant les millions encore engagés dans les combustibles fossiles.

Les banques ont adopté une ligne véritablement dure avec les fabricants d’armes à feu. Une autre loi du Texas a forcé ces institutions à ne pas souscrire d’obligations municipales dans le Lone Star State, qui aime les armes à feu.

Étude de recherche académique montre que le Texas, en s’appuyant sur un plus petit groupe de banques, pourrait encore payer peut-être 500 millions de dollars d’intérêts supplémentaires sur 32 milliards de dollars d’émission de dette municipale. Le conservatisme social cohabite donc heureusement avec la flexibilité financière. Wall Street, toujours en avance, laisse rarement une valeur dépasser celle du dollar.

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