Bienvenue chez N-VA, cher Monsieur De Ceulaer

Une assez grosse nouvelle le week-end dernier dans ce journal : le coming-out de Joël De Ceulaer en tant que membre de la N-VA. Non, ce n’est pas le début d’une note cynique au écrivain principal de ce journal. Au contraire, en fait, parce que j’aime bien Joël De Ceulaer (il ne pense probablement pas que c’est du bon néerlandais). De Ceulaer est pédant, un peu méchant et incontestablement un artisan. C’est ainsi que je préfère voir les hommes d’âge moyen. Avec son article « Plaidoyer pour l’optimisme : oui, le capitalisme peut aider à résoudre le problème climatique », il livre un autre exemple de journalisme de meilleure qualité. C’est un article bien pensé, le résultat d’une étude approfondie de la littérature avec de la place pour des idées contre-intuitives, et qui fait réfléchir. Je te l’ai dit, un professionnel.

Une pièce d’espoir aussi, car notre planète peut être sauvée. C’est un terrain fertile pour l’action politique, pourrait-on penser. C’est vrai, la N-VA a semé les graines de l’optimisme du progrès et de l’éco-modernisme dans ce domaine depuis des années. Bienvenue, cher Monsieur De Ceulaer. Le jaune est une couleur difficile, croyez-moi, mais elle vous ira très bien.

Et pourtant… Je me sentais un peu pessimiste après avoir lu son article samedi. C’est juste moi, je suis un pessimiste professionnel mais joyeux. Je devrais en parler à quelqu’un, mais jusque-là, je t’ai, cher lecteur.

Parce que j’aime réfléchir et rêver aux remèdes pour sauver notre peau. Des solutions qui permettent d’avoir encore des enfants, de partir en vacances en avion, de se blottir au coin du feu, de se doucher un peu plus de cinq minutes et de temps en temps, un dimanche environ, de se contenter de manger un morceau de viande. Des moyens de sortir du problème climatique qui donnent à la vie un peu plus de joie et de contenu que simplement « ne pas être mort », c’est-à-dire. La technologie nous y aidera, j’en suis sûr. Une technologie inventée par des garçons et des filles qui étudient les disciplines STEM, puis répondent de manière pragmatique aux problèmes climatiques par l’innovation. Plus d’ingénieurs, plus de scientifiques, nous en avons besoin !

Et puis je deviens un peu pessimiste, parce que je me dis : et les petits philosophes ? Il semble qu’il n’y ait plus de place pour cela à l’avenir. Les garçons et les filles qui osent remarquer que la technologie déclenche aussi des dynamiques que nous ne pouvons pas toujours contrôler. Qui murmurent aux ingénieurs qu’ils doivent être très conscients que certaines technologies nous font oublier le vivre ensemble. Que la révolution numérique a des excès. Cet écomodernisme n’est jamais une fin en soi, mais un moyen. Consommer ça au maximum sous la devise ‘Super ! Continuez comme ça, nous allons proposer quelque chose de nouveau ! ne doit pas se substituer à notre mesure humaine. Bref, qu’elle ne devienne pas une nouvelle croyance naïve comme le fanatisme climatique.

La technologie a quelque chose de faustique. Nous échangeons nos âmes contre la connaissance et le pouvoir. Mais cela signifie que nous perdons toujours quelque chose. Mais qui nous dit cela alors que nous n’avons besoin que d’ingénieurs ? C’est ce à quoi je pense quand je lis quelque chose comme ça. C’est sympa, mais j’espère que ce n’est pas tout.

M. De Ceulaer, en parlerons-nous à la prochaine soirée spaghetti de ‘de partaai’ ?

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