Biden veut offrir aux immigrants sans papiers un « chemin vers la citoyenneté »


La frontière sera « verrouillée », mais ceux qui se trouvent déjà à l’intérieur devraient pouvoir rester plus facilement. Deux semaines après que Joe Biden – au grand désarroi de son parti de gauche – ait ordonné un maximum d’asile quotidien à la frontière sud des États-Unis, le président devait publier plus tard ce mardi un décret qui devrait plaire aux démocrates progressistes en cette année électorale. Le président américain peut prendre des décisions dans de nombreux domaines, par décret, sans le Congrès.

En vertu de la décision présidentielle attendue, les conjoints de citoyens américains qui n’ont pas eux-mêmes de papiers de séjour, mais qui vivent aux États-Unis depuis au moins dix ans, peuvent désormais bénéficier d’une carte verte. Avec un tel permis de séjour en poche, ils peuvent à terme tenter d’obtenir la nationalité américaine. Actuellement, les personnes sans papiers ne peuvent entamer une démarche à cet effet que depuis l’étranger. Rares sont ceux qui le font parce qu’ils ont peur de quitter les États-Unis, de peur de ne pas être autorisés à y rentrer.

Le décret de Biden ouvre une « voie vers la citoyenneté » pour environ un demi-million de personnes. Cela en fait la régularisation la plus ambitieuse et la plus étendue des onze millions de migrants sans papiers américains depuis la DACA. Dans le cadre de cet accord de 2012, des centaines de milliers de jeunes arrivés illégalement aux États-Unis alors qu’ils étaient enfants ont obtenu un statut tolérable. Ce soi-disant Rêveurs peut donc travailler et étudier aux États-Unis. Biden annoncera son décret ce mardi, à l’occasion du douzième anniversaire de la DACA.

Compromis perdu

Avec sa décision, Biden recycle une fois de plus une mesure du compromis migratoire du Sénat tombé à la fin de l’année dernière. Les sénateurs des deux partis ont ensuite présenté un paquet commun visant à renforcer la sécurité à la frontière sud avec le Mexique, à accélérer les procédures d’asile et à offrir à certains groupes d’immigrés illégaux une voie d’accès à la citoyenneté.

Le projet de loi – dont la négociation a duré quatre mois – répondait avant tout aux souhaits politiques de droite, mais a été torpillé en quatre jours sous la pression de Donald Trump. Le candidat républicain présumé à la présidentielle considère la frontière comme le principal point faible de Biden, qu’il préférerait ne pas voir abordé avant le jour du scrutin.

Il y a deux semaines, Biden a rétabli le quota quotidien d’asile à partir de cette proposition du Sénat. Si en moyenne plus de 2 500 demandeurs d’asile arrivent chaque jour à la frontière sud, la frontière sera « verrouillée » : toutes les nouvelles demandes seront rejetées et les demandeurs ayant traversé seront immédiatement renvoyés au Mexique. Cela obligera probablement les migrants à emprunter des itinéraires plus risqués (pour lesquels leurs passeurs peuvent également facturer des frais plus élevés).

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Cet effet de lit d’eau peut entraîner davantage de décès, par exemple dans les déserts inhospitaliers du sud-ouest des États-Unis. Le décret frontalier de Biden – destiné à convaincre les électeurs du centre électoral qu’il n’y a (plus) de chaos à la frontière – a donc été critiqué par les membres du parti progressiste. Avec cette deuxième décision, il semble vouloir accueillir cette aile.

Bataille juridique

La migration est peut-être une question importante pour de nombreux électeurs américains, mais leurs représentants sont incapables de s’entendre sur une législation significative dans ce domaine depuis des décennies. La voie à suivre pour réaliser des réformes sérieuses s’est donc de plus en plus déplacée vers le pouvoir exécutif – sous la forme de décrets présidentiels ou de règles fédérales.

En 2012, le président Barack Obama a également ordonné sa décision DACA après que le Congrès ait été incapable de se mettre d’accord de lui-même. Loi sur les rêveurs. (Et il y a douze ans, Obama a également choisi une date symbolique pour cela : le trentième anniversaire d’un arrêt révolutionnaire de la Cour suprême sur les frais de scolarité des élèves illégaux des écoles publiques.)

Mais même (ou surtout) après les décrets présidentiels, le débat est rarement terminé, car les deux parties, migrants, organisations de défense des droits civiques et avocats spécialisés en droit d’asile, continuent de se battre devant les tribunaux. Par exemple, bien que le projet bénéficie d’un large soutien social dans les sondages, le DACA a été retiré par le prédécesseur de Biden, Trump (2017-2021). Après une longue bataille juridique, la Cour suprême fédérale a statué en 2020 que le DACA ne pouvait pas être supprimé de cette manière.

Puis, début 2021, dès son premier jour de mandat, Biden a entièrement rétabli la DACA. Mais un juge fédéral a jugé six mois plus tard que cette décision avait été prise illégalement. Un appel contre cette décision est également toujours pendant. Pour le moment, les Dreamers existants ont conservé leur statut et peuvent également le renouveler chaque année, mais de nouvelles candidatures DACA ne peuvent pas être soumises pour le moment.






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