Bertelsmann met M6 en vente après une tentative de fusion ratée


Le groupe de médias allemand Bertelsmann a remis son activité de télévision française M6 sur le bloc, demandant des offres indicatives d’ici vendredi pour « tester le marché » après que des objections de concurrence ont contrecarré le projet de fusion du diffuseur avec TF1.

Selon des personnes proches du processus, la participation dans le deuxième groupe de télévision privé français attire un large éventail d’acheteurs potentiels parmi certains des milliardaires des médias les plus importants d’Europe.

Ces offres comprennent un consortium d’éminents entrepreneurs français, dont le magnat du transport maritime Rodolphe Saadé, Stéphane Courbit du groupe de production télévisée Banijay et l’investisseur Marc Ladreit de Lacharrière.

Les candidats perdants de la dernière enchère envisagent également de nouvelles offres, comme le conglomérat MediaForEurope, soutenu par Silvio Berlusconi, et le milliardaire des télécoms Xavier Niel via sa société de production Mediawan.

Vivendi de Vincent Bolloré, qui s’est activement opposé à la fusion TF1-M6, évalue également l’opportunité de revenir avec une offre après l’offre de l’année dernière.

Deux autres milliardaires – l’investisseur tchèque Daniel Křetínský et le propriétaire français des télécoms Patrick Drahi – évaluent également leurs options.

Thomas Rabe, directeur général de Bertelsmann, a confirmé au Financial Times qu’il avait demandé des offres non contraignantes après avoir été « inondé de manifestations d’intérêt » pour M6 après l’échec de sa fusion avec TF1, propriété de Bouygues, la semaine dernière.

« C’est pourquoi nous ‘testons le marché’. Nous déciderons sur la base du test de vendre ou non », a-t-il déclaré, ajoutant que les bénéfices de M6 l’an dernier étaient « à un niveau record ».

Le groupe RTL de Bertelsmann détient une participation de 48,3 pour cent dans M6, le deuxième plus grand diffuseur commercial de France. Les actions de M6 ont chuté de plus de 5% depuis l’annulation de sa fusion avec TF1 la semaine dernière, laissant au groupe une valeur marchande d’environ 1,6 milliard d’euros.

Le projet initial de Rabe de fusionner M6 avec son plus grand rival TF1 faisait partie d’une stratégie visant à créer des « champions nationaux des médias », capables de résister à la pression de la baisse des audiences télévisées et à la montée en puissance des services de streaming américains.

Mais l’autorité française de la concurrence s’est fermement opposée à l’accord, arguant que la part de marché de plus de 70% du groupe combiné sur le marché publicitaire de la télévision traditionnelle lui conférerait un pouvoir de marché écrasant qui augmenterait les prix pour les spécialistes du marketing.

Bertelsmann a une fenêtre étroite pour décider de l’avenir de M6 car la licence de 10 ans du diffuseur expire en mai. Aux termes des licences françaises, tout renouvellement verrouillerait son principal actionnaire, empêchant une vente jusqu’en 2028 au moins.

Certains enchérisseurs potentiels voient dans ces contraintes un facteur important qui pèsera sur le prix de vente de M6, d’autant que tout nouveau propriétaire devrait assumer le risque de renouveler la licence l’année prochaine.

Mais Rabe a minimisé le problème, déclarant au FT que « le calendrier n’est pas un problème » pour le groupe RTL de Bertelsmann. « M6 est l’un des groupes de télévision les mieux gérés d’Europe. . . Le groupe RTL n’a aucune pression pour vendre M6. . . nous pensons que la consolidation se produira tôt ou tard sur le marché français – avec différentes options – nous sommes patients et pouvons attendre », a-t-il déclaré dans un e-mail.



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