Berlin s’est beaucoup trop habitué au pouvoir des clans

Par Gunnar Schupelius

Le crime organisé ne cesse de croître, la police est constamment en service et la justice est débordée. Ce n’est plus normal et ça ne peut pas continuer comme ça, dit Gunnar Schupelius.

On s’y est habitué depuis longtemps : une rafle par-ci et une rafle par-là, plus personne n’y regarde de près, la plupart des médias n’y voient qu’un reportage.

Tout comme jeudi dernier, lorsqu’une équipe lourdement armée a pris d’assaut la villa Remmo à Alt-Buckow. Un fils de la famille, âgé de 31 ans, a résisté à la perquisition et a été emmené. A l’entrée, il a souri dans l’appareil photo du photographe BZ.

C’était un sourire qui disait tout : la confiance en soi provocante des criminels professionnels, leur indifférence qui ne connaît pas la culpabilité, leur mépris affiché pour la justice et la loi.

Le clan Remmo, avec ses au moins 1000 membres, est accusé, parmi de nombreux autres crimes, du vol de la pièce d’or du musée Bode et du cambriolage du Green Vault à Dresde.

La police suppose qu’il y a jusqu’à 20 clans criminels à Berlin. Leurs noms sont bien connus : Al-Zein, Chahrour, Miri, Abou-Chaker, etc. Leur métier est le trafic d’êtres humains, le trafic de drogue, le racket, le vol et la fraude.

Jusqu’à récemment, on les appelait encore banalement « familles élargies », désormais on ne parle plus que de clans, ce qui n’est pas vrai non plus.

Parce qu’il n’est rien de plus qu’une mafia dangereuse qui se voit hors la loi et dont le but est de saper l’ordre étatique.

Les autorités en tiennent un registre très précis. L’actuel « Rapport sur la situation de la criminalité des clans » du Sénat du 6 mai indique : « En 2021, un total de 178 opérations de contrôle de police ont été menées (…). 572 propriétés ont été contrôlées et 47 propriétés fermées. Au total, 849 crimes commis par 295 suspects attribués à des crimes de clan ont été enregistrés.

Le nombre de perquisitions et d’enquêtes ne cesse d’augmenter depuis avril 2020. À cette époque, la police française a réussi à casser le service de messagerie « Encrochat », qui était utilisé par plus de 90 % des criminels et dans lequel le crime organisé se sentait en sécurité grâce au cryptage de bout en bout.

Depuis lors, 1,6 million de messages de près de 750 utilisateurs ont été évalués à partir de la base de données Encrochat. Un nombre particulièrement important de ces messages ont été envoyés par des membres du clan de Berlin.

Une puissante société criminelle parallèle a émergé, qui forme un État dans l’État et dont les membres méprisent ce pays. Pendant quatre décennies, ces clans se sont développés et continuent de se développer. La police, lourdement armée, reste constamment sollicitée, la justice est débordée, les politiques en prennent acte.

Un raid tous les deux jours ? Vous l’avez accepté comme si tout était normal. Mais ce n’est pas normal.

C’était différent une fois, et ça doit être différent encore. Il y avait un Berlin sans cette mafia et c’était une meilleure époque.

Gunnar Schupelius a-t-il raison ? Appel : 030/2591 73153 ou e-mail : [email protected]



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