Benjamin Clémentine / Et j’ai été


Recevoir le Mercury Prize n’a pas conduit Benjamin Clementine sur la voie du succès commercial, et l’artiste ne bénéficie pas non plus d’une grande pertinence médiatique. Au contraire, le chanteur, auteur-compositeur et pianiste britannique reste un artiste culte qu’il est toujours intéressant de suivre pour de nombreuses raisons. Son concept de mélodie, sa voix dramatique et ses arrangements curieux révèlent, à chaque nouvelle œuvre, un artiste extrêmement unique qui ne peut que sonner comme lui-même.

Les choses ne se sont pas mal passées pour Clémentine, en revanche : il y a son rôle dans le remake de ‘Dune’ pour le prouver. Et, musicalement, l’auteur de ‘I Tell a Fly’ poursuit ces jours-ci une veine créative qui l’a amené à composer jusqu’à trois nouveaux albums, dont le premier est celui qui nous préoccupe aujourd’hui.

La première partie de la trilogie Clémentine est intitulée avec une phrase qui cherche à transmettre un sentiment de continuité, de quelque chose de déjà commencé, et aussi l’idée que Clémentine « a » reflété, quelque chose qu’elle fait dans ses nouvelles chansons. Sur le single ‘Genesis’ il médite sur son rapport à ses racines, sur d’autres titres comme ‘Residue’ la découverte d’un amour l’aide à affronter sa « colère » ou à calculer sa « patience », et sur ‘Copening’ il analyse le pouvoir de l’art de rendre l’être humain plus fort.

A l’opposé de ses intenses réflexions sur la vie, l’amour (il est marié à Flo Morrissey), l’art, la culpabilité ou encore « l’expiation », Clémentine livre un album léger et jouissif. ‘And I Have Been’ est composé de chansons assez courtes (certaines durent exactement 2 minutes) qui présentent suffisamment d’arrangements, en l’occurrence de piano et de cordes, auxquels s’ajoutent parfois des applaudissements et des chœurs. Le sens dramatique de Clémentine prédomine au niveau vocal, élevant des compositions telles que ‘Delighted’, tandis que d’autres se distinguent en adoptant un ton plus sombre et plus pessimiste (‘Weakend’).

Les chansons de ‘And I Have Been’ suivent la même formule, et si ‘Residue’ captive avec ses notes étirées et ses sifflements, ‘Genesis’ opte pour un son de valse élégant. Certaines compositions, comme ‘Difference’, renouent avec les mêmes idées sans en apporter d’autres intéressantes et, en général, ces nouvelles chansons manquent de l’ambition d’antan, un chef-d’œuvre à la hauteur de celles qu’il sait composer. Cependant, le format de chanson court et simple convient bien à Clémentine. Changez la forme mais l’esprit libre ne va nulle part.



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