Bébé champion ou "les fauteuils"? L’idée fausse selon laquelle le sport est réservé aux surdoués

Les enfants qui ne semblent pas doués en activité physique peuvent-ils se passer d’éducation physique ? Absolument pas, voyons pourquoi

Carlotta Montanera

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Quand nous, adultes, parlons de sports pour enfants, nous sommes amenés à penser qu’ils existent des enfants plus doués physiquement qui choisiront presque spontanément une discipline dans laquelle ils excellent habituellement, et les enfants moins doués, pour des raisons physiques ou naturelles, qui préféreront donc d’autres activités récréatives. Selon cette pensée, il y aura donc des enfants qui pratiqueront un sport et d’autres qui ne pratiqueront aucune activité physique, car ils ne sont tout simplement pas doués. Cette pensée est complètement fausse pour plusieurs raisons. Voyons-les.

Pas de sport pour les enfants qui ne sont pas physiquement doués ?

Cette pensée est complètement fausse pour plusieurs raisons. Tout d’abord, nous devons tenir compte du fait que dans la catégorie 6-10 ans il y a très peu de disciplines sportives qui nécessitent déjà une spécialisation du geste comme de décréter qu’un enfant est plus ou moins doué pour ce sport. Des disciplines comme la gymnastique artistique, le plongeon et le patinage commencent à se spécialiser très tôt, mais pour tous les autres sports on en parle préathlétisme. En ce qui concerne le pré-athlétisme, les capacités qui se développent chez l’enfant sont basiques, elles ne nécessitent donc pas un niveau particulier de compétence ou de « don naturel » pour être développées. Parlons de des activités à mi-chemin entre le jeu et le sport, comme courir, sauter, donner des coups de pied, lancer, rouler, grimper.

Il existe évidemment des cas de des enfants particulièrement doués dès leur plus jeune âge, il est donc possible d’observer une prédisposition particulière de certains éléments vers certaines caractéristiques déjà à l’école primaire. Ceci cependant cela ne veut pas dire que tout le monde n’est pas capable d’accomplir la tâche correctement ni que cet enfant, qui semble particulièrement doué, ait droit à une plus grande attention que les autres.

Enfants surdoués et enfants non-doués ?

Il n’est pas rare d’observer comment les parents et les enseignants ont des rapports différents avec les enfants qui semblent plus doués physiquement par rapport à l’autre. Nous faisons un exemple. Un enfant qui, dès l’âge de 6 ans, se révèle très habile à taper dans le ballon car il possède une excellente coordination est généralement considéré comme un futur footballeur. Il s’inscrit donc dans une école de football, profitant de l’idée qu’il développera ainsi ses compétences. Mais de cette façon d’autres possibilités de développement moteur sont exclues et surtout sa volonté n’est pas respectée. De même, si l’on voit un enfant non qualifié, on a tendance à le classer comme inapte à l’activité sportive et donc on le soumet à moins de stimuli moteurs. Autrement dit, nous considérons les capacités des enfants comme des caractéristiques fixes qui doivent être développées ou non, éliminant ainsi l’idée correcte selon laquelle les capacités motrices sont des capacités évolutives qui peuvent être stimulées.

l’activité motrice comme « fondamentale »

L’âge de l’école primaire est un terrain fertile pour le développement de ceux qui sont appelés les “fondamentaux”, c’est-à-dire les schémas moteurs de base qui influenceront nos capacités motrices tout au long de notre vie. Souvent ce que l’on pense au contraire est que la séparation à faire est “bon dans un sport” ou “pas bon dans un sport”, alors qu’à cet âge l’objectif n’est pas de donner naissance à de futurs champions nationaux, mais plutôt donner aux enfants les outils nécessaires à un bon développement physique et cognitif. Apprendre à courir, lancer, sauter, donner des coups de pied, grimper ne signifie pas devenir plus ou moins bon dans une discipline, mais grandir avec une bonne maîtrise des fonctionnalités de son corps.

l’importance d’impliquer tous les enfants

Alors, que doivent faire les parents et les enseignants ? Promouvoir des activités de base, à des fins éducatives mais aussi récréatives, en essayant d’impliquer tous les enfants. Être capable de lancer une balle, c’est non seulement la lancer plus ou moins loin, mais surtout développer la force musculaire, la coordination et la dextérité qui seront utiles à cet enfant, mais aussi dans les activités du futur adulte. Si nous parlions d’un garçon de 15 ans s’entraînant au handball, l’évaluation serait évidemment plus spécifique : c’est-à-dire que nous évaluerions sa capacité de lancer, sa distance, sa précision. Toutefois, si nous parlons d’un enfant du primaire, nous devons nous abstenir de ces évaluations, sachant que ce lancer aurait parmi ses “effets secondaires” un apprentissage encore plus important que la technique de lancer elle-même.

En substance, lorsqu’il s’agit de sports pour les enfants de 6 à 10 ans nous devons considérer non pas leur capacité, mais le fait que l’apprentissage des schémas moteurs de base est une étape fondamentale de la croissance. Il est donc préférable, à cet âge, de ne s’exclure aucune voie et de choisir des activités aussi variées et non spécialisées que possible. S’abstenir d’évaluer compétences techniques que nous développerons éventuellement à des âges ultérieurs.







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