Bastille : « Le métavers a du potentiel, mais les gens vont s’en servir pour faire le mal »


Bastille est l’un des groupes les plus réussis à émerger de ce renouveau pop des années 80 qui refuse tout simplement de périr. ‘Pompeii’, leur tube de 2013, est proche des 2 milliards d’auditeurs sur Spotify comme un tube de Drake ou The Weeknd et, ces derniers temps, le groupe mené par Dan Smith a compliqué sa proposition avec des albums concepts comme  »Doom Days » (2019).

Dans « Give Me the Future », le nouvel album de Bastille, Smith et son équipe imaginent un futur dominé par un système de réalité virtuelle appelé le Futureverse où les gens peuvent être qui ils veulent. La relation de l’être humain avec les nouvelles technologies, notamment avec les réseaux sociaux, a inspiré l’album, qui est, quant à lui, plus eighties que jamais. Nous avons parlé avec Kyle Simmons, le claviériste de Bastille, via Zoom pour nous parler de son parcours et de ses influences.

Cet album est né pendant la pandémie et parle d’échapper à la réalité grâce à la technologie. Ce concept vous séduit ?
Je m’identifie totalement, d’autant plus que dans la pandémie, nous vivons par ces canaux. L’album parle de notre relation, bonne et mauvaise, avec la technologie, mais surtout la mauvaise. Il parle de l’idée que ce monde n’existe pas vraiment, il est dans les nuages, il n’a pas de tissu. Si vous avez un groupe aujourd’hui, vous devez exister sur Internet, les gens s’attendent à ce que vous soyez sur tous les réseaux sociaux. Là, vous pouvez vous inventer une identité ou être exactement la personne que vous êtes. C’est pourquoi le disque est écrit autour du concept du Futureverse, un endroit où vous pouvez être qui vous voulez être.

Que pensez-vous du métaverse ?
Ça me rend curieux et, en même temps, ça me fait peur. Un de mes livres préférés est « Ready Player One » d’Ernest Cline. Le livre est basé sur un monde dans lequel les ressources sont limitées et les gens, qui sont pauvres, vivent dans un monde virtuel où ils postulent pour des emplois, font du shopping… Les personnes âgées passent leur temps dans ce monde. C’est un livre formidable car il montre qu’un système comme la réalité virtuelle peut servir à éduquer, mais aussi à faire le mal car il y aura des gens qui en abuseront pour promouvoir la haine, déformer les idées et polariser la société. C’est ce que je pense du métaverse; D’un côté, il a le potentiel de faire du bien, mais de l’autre, il y aura des gens qui en abuseront.

Le disque semble évasion, les chansons ont ce point euphorique…
Nous voulions que le disque sonne complètement différent des autres. Les trois premiers forment une trilogie et celle-ci est très différente. Nous avons recherché une esthétique de science-fiction, en utilisant beaucoup de synthétiseurs et de références aux années 80 dans le son des claviers, des basses… Quand vous commencez à écrire un disque, vous ne savez pas exactement à quoi il va ressembler et , souvent, le résultat final est loin de ce à quoi vous vous attendiez. C’est arrivé avec ce disque. Au fur et à mesure que nous l’écrivions, cela a pris forme et nous avons imaginé une œuvre au son futuriste et cinématographique et pleine de synthés qui vous submergent.

En parlant de cinéma, comment Riz Ahmed en est-il venu à réciter un intermède sur le disque ?
Nos agences créatives sont liées et nous sommes fans de lui depuis des années. Nous lui avons transmis la proposition pendant la pandémie, lorsque nous étions confinés, et il a tout simplement accepté. On ne sait même pas s’il est fan de notre musique. A cette époque, au moins, il nous connaissait. On lui a donné le disque et il l’a aimé, et il a écrit un texte, il nous l’a envoyé et on a adoré. Aux concerts, à chaque fois que son intermède passe, il me laisse sans voix, je l’adore et je trouve qu’il résume parfaitement tous les thèmes abordés sur l’album. C’est un poète.

Vous jouez des claviers à Bastille, alors j’imagine que vous devez prendre beaucoup de plaisir à jouer ces chansons. Aimez-vous vraiment les années 80 ? ‘Shut Off the Lights’ sonne tropicalilla, ‘Give Me the Future’ plus funk…
Je passe un bon moment à jouer cet album. Nous avons toujours aimé jouer avec différents genres, ce que nous faisons sur le disque, et lors des concerts, nous créons de nouvelles versions d’anciennes chansons pour les intégrer au nouveau disque.

Pensez-vous qu’il existe un revival 80’s qui n’en finit pas de mourir ? Est-ce le son pop ultime ?
La musique est un cycle mais, dans mon cas, et dans le cas de beaucoup d’entre nous, la pop des années 80 est ce que nous écoutions pour nos parents. Je suis né dans les années 80 et la musique de cette époque aura toujours une place dans mon cœur. C’est la même chose avec la génération des années 90, on finit par revenir à la musique qu’on écoutait quand on grandissait.

A quoi peut-on s’attendre en direct ?
Le live est une célébration de ‘Give Me the Future’. Sur scène, nous avons installé un écran géant où nous avons projeté un tas d’images pour chacune des chansons. Et, en Europe, nous jouerons des chansons bonus parce que lorsque nous avons sorti le disque aux États-Unis et au Royaume-Uni, certaines d’entre elles n’étaient pas encore sorties. Bien sûr, on jouera aussi les tubes, les classiques. Ça va être une fête.



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