Barrage d’urgence en eau en deux ans. Mais 3 milliards sont nécessaires pour les usines de dessalement


tun intervention d’urgence pour éviter une crise, celle de l’eau, qui risque sinon d’impacter « toute une génération ». C’est la philosophie du plan que le groupe Webuild a mis noir sur blanc pour répondre à la soif du pays : 16 dessalinisateurs pour garantir la production de 1,6 million de mètres cubes par jour. Pour un investissement total, il est estimé, de 2,5 à 3 milliards d’euros. Il s’agit uniquement de répondre immédiatement aux besoins de la période estivale mais pour couvrir l’ensemble des besoins, au moins 80 systèmes devraient être construits. Pour en parler avec Le soleil 24 heures est Pietro Salini, directeur général du groupe de construction qui parmi ses principaux atouts peut compter Fisia Italimpianti, leader mondial du secteur.

Le plan que vous proposez est-il compatible avec les besoins en eau du pays ?
Il est clair que nous sommes dans une situation d’urgence. Et il faut y faire face en gardant à l’esprit deux aspects : d’une part nous avons un écart énorme par rapport au reste du monde dans la gestion, la récupération, la production et la dispersion de l’eau et c’est un fait qui vient de loin. D’autre part, il faut aussi tenir compte de l’usage que l’on en fait : on consomme deux fois plus d’eau potable qu’en Espagne. Il est clair que ce n’est pas un problème que l’on peut songer à résoudre à court terme. La bataille que nous menons contre le changement climatique et le réchauffement climatique sera longue et sans solutions alternatives nous risquons qu’une génération entière doive souffrir de pénuries d’eau. Et puis on prend acte du fait que nous sommes entourés par la mer et que nous avons une forte expertise en dessalement chez nous.

Mais que proposez-vous concrètement ?
Nous avons estimé que, globalement, le pays manque d’eau potable à environ 2,9 milliards de mètres cubes par an. C’est le problème auquel nous devons faire face en perspective. Mais par rapport aux besoins réels à caractère d’urgence, on peut gérer la situation de crise avec la production de 1,6 million de mètres cubes par jour. Cela signifie la construction pour la crise saisonnière de 16-18 dessalinisateurs de moyenne puissance, qui emploieraient jusqu’à 10 000 personnes, avec des effets positifs sur les revenus et le travail, et que nous pourrions commencer à construire immédiatement afin de les rendre opérationnels dans les prochains deux ans. A ce jour, neuf capitales ont rationné l’eau. Nous ne pouvons pas compter sur la chance, en espérant la pluie. La question doit être abordée et seul ce petit projet pourrait apporter une réponse concrète aux 30% de la population qui souffrent du manque d’eau potable. C’est la différence entre la civilisation et la barbarie. Pour cela nous sommes à la disposition du gouvernement. Nous savons qu’en ces heures, il nomme un commissaire qui aura des pouvoirs spéciaux pour surmonter les problèmes de nature bureaucratique et d’autorisation. Et nous sommes prêts à collaborer avec les autorités locales qui, à travers le commissaire, devront coordonner le transport et le stockage de l’eau.

Combien coûterait la mise en œuvre d’un tel plan et quels en seraient les coûts finaux pour les consommateurs ?
Je pense que même de petites usines pourraient suffire sur les îles, alors qu’une intervention plus structurelle devrait être envisagée pour la Sicile. Le coût de l’eau dessalée est d’environ 2-3 euros le mètre cube, bien sûr nous payons environ 1,5 euros aujourd’hui mais le prix d’un mètre cube d’eau transporté par bateau est d’environ 13-14 euros. De plus, si vous regardez le reste de l’Europe, en Allemagne il atteint 7 euros le mètre cube, en Espagne 4 euros et en France 3 euros. Entre autres, il n’est plus soutenable de payer si peu l’eau et d’en perdre la moitié : nos réseaux d’eau dans certaines régions ont un taux de dispersion de plus de 50 %.

Parlant de l’Europe, une étude récente du cabinet de conseil Althesys a mis en évidence les avantages du dessalement en citant l’Espagne comme un exemple positif.
En Europe, ce sont surtout les pays méditerranéens qui s’intéressent le plus au dessalement, qui a effectivement connu un développement considérable, notamment en Espagne, où 765 usines ont été installées en 2021, dont des travaux de grande envergure desservant des zones urbaines importantes comme Barcelone. En Italie, on peut compter sur seulement 400 millions de mètres cubes d’eau dessalée contre les 6 milliards de la péninsule ibérique, c’est un écart énorme, environ sept fois. Ici, il ne vaut que 4 % alors qu’il représente 56 % là-bas et 26 % en Australie. C’est un manque de vision que de ne pas utiliser l’eau de mer qui nous entoure.



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