Banques américaines : battues par la dure réalité des mathématiques obligataires


La vie peut venir à vous assez rapidement. Il y a une semaine, Silicon Valley Bank avait une capitalisation boursière de 6 milliards de dollars. Aujourd’hui, ce chiffre est pratiquement nul. Les régulateurs américains sont intervenus avec une garantie pour tous les dépôts de SVB ainsi que de Signature Bank, qui a été fermée ce week-end. Cette dernière avait une exposition concentrée aux sociétés technologiques. Une grande partie de ses dépôts n’étaient pas assurés.

La plupart des banques font faillite en raison de la médiocrité des prêts ou, dans le cas de la crise financière mondiale, de la possession d’actifs complexes qui se sont avérés largement sans valeur. Mais le péché de SVB était de détenir un portefeuille d’obligations municipales ou d’agences américaines à long terme dont la valeur papier s’est érodée à la suite d’un resserrement brutal de la politique monétaire américaine.

Les banques sont des créatures mystérieuses comparées aux entreprises de l’économie réelle. Les ratios de bilan mécaniques autour de l’effet de levier et des capitaux propres stimulent la prise de décision bien plus que, par exemple, la maximisation des ventes de widgets. Ces calculs ésotériques chez SVB ont conduit la direction à chercher à lever 2 milliards de dollars de capital la semaine dernière. Mais les mathématiques abstraites peuvent devenir viscérales lorsque les clients ressentent des problèmes.

La Federal Deposit Insurance Corporation et les investisseurs vautours se retrouvent dans une position intéressante. Un fonds d’assurance-dépôts payé par les banques membres de la FDIC, pour l’instant, rendra tous les déposants des banques SVB et Signature entiers. Les régulateurs auront également pour tâche de vendre le portefeuille d’actifs restant de SVB, qui, jusqu’à il y a sept jours, avait une valeur nette de près de 15 milliards de dollars. Les chasseurs de bonnes affaires devraient en prendre note. Pendant des siècles, des fortunes ont été faites en piochant dans les carcasses des institutions financières.

La Réserve fédérale a annoncé dimanche que d’autres banques pourraient exploiter une nouvelle facilité de liquidité où leurs titres de haute qualité serviraient de garantie. SVB et Signature sont morts pour que leurs rivaux puissent vivre.

C’est un œil au beurre noir pour le secteur bancaire américain, qui offre stabilité et rendements sains aux investisseurs en actions depuis la crise financière.

Les actionnaires et la direction recevront peu de sympathie. Mais les banques ont des milliards d’actifs ainsi que des milliers d’employés et de relations communautaires. Le choc déclenché par la froide réalité des mathématiques des obligations ne peut être considéré comme une destruction créative saine.

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