Balneari, aujourd’hui la sentence de la Cour de l’UE : c’est ce qui est en jeu pour l’Italie


Sur la question des concessions de plage et du respect de la directive Bolkestein, l’Italie a un rôle assez délicat : celui d' »observation spéciale », sous l’objectif de la Commission européenne. Bruxelles presse : elle demande au gouvernement de trouver « de toute urgence » une solution pour sauvegarder la concurrence et garantir la « transparence » et « l’impartialité » des procédures d’appel d’offres. Le jeu balnéaire se confond avec les autres que joue l’Italie avec l’UE : de la troisième tranche du Pnrr au Mes, en passant par le Pacte de stabilité.

La décision de prolonger les concessions d’un an

L’arrêté Milleproroghe a mis le feu à la longue confrontation sur l’axe Rome-Bruxelles ces dernières semaines, avec le feu vert pour une nouvelle prolongation d’un an – jusqu’au 31 décembre 2024 – des concessions (durée reportable pour une nouvelle an en cas de litiges ou d’empêchements pour les Communes qui doivent clôturer les procédures d’appel d’offres). Un report qui, totalement contraire à la ligne esquissée par la Commission européenne, n’a pas « plu » au commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton.

L’arrêt de la Cour européenne de justice

Au cours de ces heures, le puzzle déjà compliqué s’enrichira d’une nouvelle « pièce décisive »: aujourd’hui, jeudi 20 avril, la troisième chambre de la Cour de justice des Communautés européennes prendra la parole. Le juge luxembourgeois statuera sur le recours de l’Autorité italienne de la concurrence contre les extensions accordées sans appel d’offres par Ginosa (Tarente), une petite ville de la côte de Tarente pour laquelle les règles nationales priment sur les règles européennes. Neuf questions du Tar Puglia sont en cours d’examen par la Cour.

Les éventuelles conséquences

La décision « pourrait avoir des conséquences » que, selon des sources de la Commission, l’Italie – comme d’autres pays faisant l’objet d’infractions comme l’Espagne et le Portugal – ne peut éviter de prendre en considération pour décider de la voie à suivre. Aussi parce que les juges préciseront une fois pour toutes si Bolkestein est « valable et contraignant » pour l’ensemble des Vingt-sept, bien qu’adopté à la majorité et non à l’unanimité, ou s’il laisse des « espaces discrétionnaires » dans son application. Le dilemme est d’accepter ou non les offres « transparentes et non discriminatoires » envisagées par l’UE.

Le spectre de la lettre de Bruxelles

Si la Cour décide que la directive sur les services doit être appliquée, il est probable que la lettre que la Commission a gardée dans le tiroir pendant un certain temps sera envoyée à Rome avec la demande de se conformer au droit européen. Bruxelles, qui a ouvert une procédure d’infraction contre l’Italie en 2020, nous reprochant de fermer le secteur des entreprises balnéaires à la libre concurrence, pourrait donc adresser un avis motivé à Rome, à laquelle présenter une demande formelle de mise en conformité avec le droit européen. Le gouvernement aurait deux mois, donc jusqu’à la fin juin. Ensuite, si une « solution » n’arrive pas d’Italie, Bruxelles pourrait recourir à un « poing dur ». En d’autres termes, le fait que Rome n’applique pas la directive sur les services dans le marché commun européen (directive de l’Union européenne 2006/123/CE) serait signalé à la Cour de justice de l’UE. Bref, l’Italie serait ajournée, et risquerait une lourde amende.



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