Avec la libération de Robotyne, les troupes ukrainiennes ont accompli une « tâche monumentale »


Robotyne comptait moins de cinq cents habitants avant que les troupes russes n’entrent dans le village ukrainien. Quelques rues, une poste et un cimetière, ce n’est pas grand-chose de plus. Mais la population ukrainienne suit avec inquiétude depuis deux mois toutes les informations faisant état des violents combats que l’armée mène dans cette partie de la région de Zaporizhia avec les forces d’occupation russes.

La semaine dernière, les troupes ukrainiennes de la 47e brigade mécanisée sont entrées dans Robotyne et ont hissé leur drapeau bleu et jaune sur l’un des bâtiments détruits du village, à une dizaine de kilomètres au sud de la ville d’Orichiv, en première ligne. Ce lundi a déclaré la secrétaire adjointe à la Défense Hanna Maljar les mots rédempteurs : « Robotyne est libéré ».

Le week-end dernier, le commandant de l’armée ukrainienne qui est entré à Robotyne avec ses troupes, qui porte le nom de code « Skala », a rapporté que à l’agence de presse Reuters que les forces ukrainiennes dans le sud avaient percé l’une des couches les plus lourdes des positions défensives russes. Selon lui, la contre-offensive devrait désormais être plus rapide. « Après cela vient Berdiansk, et plus encore. J’ai immédiatement fait comprendre à mes combattants : notre cible n’est pas Robotyne, notre cible est (la mer d’Azov). »

Si l’Ukraine franchissait réellement les lignes russes ici, cela pourrait marquer un tournant dans l’offensive d’été. Cette contre-attaque tant attendue a débuté au cours de la première semaine de juin et a été déployée à au moins trois endroits le long de la ligne de front. Mais les lignes défensives profondes constituées de champs de mines et d’autres obstacles construits par la Russie empêchent l’Ukraine de réaliser des gains territoriaux rapides, notamment parce que Kiev n’a pas de supériorité aérienne.

Critique américaine

La semaine dernière, notamment dans les milieux militaires et du renseignement américains, des critiques (anonymes) ont été formulées à l’encontre des choix que ferait le commandement de l’armée ukrainienne. Cela revient au fait que le général Valery Zaluzhny disperse trop ses troupes ; lors de la contre-offensive, il devrait se concentrer sur un secteur du front afin de briser les lignes de défense russes.

Une percée sur le front sud à Robotyne donnerait un énorme coup de pouce à la contre-offensive ukrainienne. Et certains signes indiquent que l’évolution de la contre-attaque du côté russe suscite des inquiétudes. Au cours du week-end, l’Institute for the Study of War (ISW), un important groupe de réflexion américain, rapport sur un mouvement potentiellement révélateur des troupes russes le long de la ligne de front longue de mille kilomètres. Moscou aurait récemment déplacé des unités de la 76e division aéroportée de Luhansk, à l’est, vers la ligne de front au sud de Robotyne pour tenter d’empêcher une percée ukrainienne. Les Russes auraient également dirigé les troupes de la région de Kherson vers cette partie du front pour absorber les pertes et combler les éventuelles brèches.

Lire aussi : Le rythme de la contre-offensive est en partie déterminé par les armes dont dispose l’Ukraine.

Il est largement admis que l’un des principaux objectifs de Kiev dans le cadre de la contre-offensive ukrainienne actuelle est de couper la liaison terrestre entre la Russie et la Crimée occupée, ce qu’on appelle le pont terrestre traversant le sud de l’Ukraine occupée. Après Robotyne, les forces ukrainiennes peuvent se diriger vers la ville stratégique de Tokmak, à environ 25 kilomètres au sud ; dans la ville de Melitopol, à 30 milles de là, le pont terrestre pourrait être pris, ce qui couperait les troupes russes dans la région de Kherson et en Crimée du reste de la force d’occupation.

Ligne de défense en couches

Robotyne est, selon les analystes militaires, dont Alexandre Kovalenko de l’ONG ukrainienne Information Resistance, à la frontière des première et deuxième « couches » des vastes lignes de défense russes. Via les réseaux sociaux Dimanche, une description détaillée des lignes de défense russes a été publiée par un soldat ukrainien sur le front sud, Oleksandr Solonko. Dans son récit, ce ne sont pas seulement les vastes champs de mines qui ressortent, mais surtout le vaste système de tranchées.

Les positions prises par les troupes ukrainiennes à Robotyne sont toutes entourées de mines et de barbelés. « Il est crucial de souligner que nous parlons d’un système de tranchées, reliées par des passages et des chemins. Ces passages permettent la circulation du personnel, des armes et des munitions. Tout ce qui n’a pas été fouillé a été miné. Pour avancer, il faut traverser cela.

Lire aussi : Comment l’Ukraine lutte contre les champs de mines

Dans le même temps, Solonko s’est moqué des critiques qui ont récemment exprimé l’opinion que la contre-offensive ukrainienne prenait trop de temps. «Pour ceux qui sont ‘super intelligents’ et pensent qu’il a fallu très longtemps aux forces ukrainiennes pour chasser les Russes du village de Robotyne : elles ont dû manquer le système de défense qu’il a fallu vaincre pour éloigner les Russes du village de Robotyne. la route vers Marioupol, l’approche étape par étape du village, l’encerclement et enfin la capture. Une tâche monumentale a vraiment été accomplie ici.

Sur la base de la description de Solonko, l’Institut pour l’étude de la guerre conclut que les systèmes interconnectés de tranchées et de passages souterrains sont le résultat de mois de préparation russe. Selon les analystes de l’ISW, il n’est toujours pas clair si ces systèmes russes s’étendront jusqu’au sud, jusqu’aux couches suivantes des lignes de défense. La mesure dans laquelle les Russes ont réussi à étendre leur système souterrain aidera à déterminer comment le reste de l’offensive ukrainienne se dirigera vers le sud.





ttn-fr-33