« Avec ces tarifs, les journalistes sont obligés de voler d’un sujet à l’autre »

Il avait en fait déjà « parqué », le procès. Mais lorsque le photographe Ruud Rogier (65 ans) a revu les pièces la semaine dernière, son sang « a recommencé à bouillir ». Si vous faites ce travail depuis 1981, alors à un certain moment vous n’êtes plus que Ruud avec la caméra, dit-il. « Quand les gens vous voient sans, ils disent : où est votre appareil photo ? Et tout cela est soudainement tombé, boum, loin.

Retour en 2019. Car si Rogier est toujours impliqué dans la photographie – il est aujourd’hui administrateur d’organismes de droit d’auteur comme Pictoright – il en a définitivement fini comme photographe de presse. Que cela a été la conséquence lorsque DPG Media, éditeur de, entre autres, de Volkskrant, la Journal général et divers magazines régionaux, qu’il a connus il y a plus de trois ans. Mais il ne s’attendait pas à ce qu’il y ait un autre recours qui sera déposé ce jeudi.

1 Ce qui se passait?

En 2018, le photographe de presse Ruud Rogier et le journaliste écrivain Britt van Uem ont poursuivi la maison d’édition DPG, alors encore De Persgroep. Van Uem a reçu 13 cents par mot pour ses articles dans TubantiaRogier 42 euros pour une photo dans le Brabants Dagblad† Ils pensaient que c’était trop peu pour joindre les deux bouts. Car pensez-y bien, expliquait Rogier à l’époque : le montage, le temps de déplacement, la prise de vue et le montage lui prenaient en moyenne deux heures, parfois plus. Selon lui, un tarif de 150 euros était donc plus conforme à la convention collective des journalistes de presse, compte tenu du fait qu’en tant qu’entrepreneur, il s’occupait de sa propre assurance, de ses congés maladie, de ses vacances et de sa retraite.

Mais DPG n’a pas voulu négocier à ce sujet. Rogier a alors choisi d’aller en justice, car « sous ces tarifs, les journalistes sont obligés de voler de sujet en sujet », dit-il désormais. Il pense toujours que c’est malsain pour le métier de (photo)journaliste, car « il faut pouvoir continuer à faire du bon travail en matière de contenu ».

2 Qu’a décidé le juge ?

Le tribunal de district d’Amsterdam n’a pas considéré comme «équitables» les tarifs pratiqués par Rogier et Van Uem sur la base de la loi sur le droit d’auteur, mais n’a pas non plus accepté les montants qu’ils réclamaient. Selon le juge, Rogier aurait dû toucher 65 euros par photo pour treize devoirs soumis, Van Uem 21 centimes par mot. Les facteurs décisifs ont été l’espace de négociation limité des journalistes indépendants – à part DPG, il n’y a que quelques autres grands éditeurs sur le marché – et les tarifs qu’ils pratiquent dans d’autres journaux régionaux tels que Le Limbourgeois (à partir de CNRCl’éditeur Mediahuis) pourrait utiliser.

3 Pourquoi DPG a-t-il fait appel de cette décision ?

Là où l’éditeur ne devait à Rogier et Van Uem que 300 euros par personne après cette décision, les réclamations des autres pigistes pourraient représenter un surcoût de « plus de 25 millions d’euros par an », indique le directeur commercial Bart Verkade. De plus, DPG n’était pas d’accord avec l’explication selon laquelle le tribunal du sous-district de la Loi sur le droit d’auteur donné. « Une question de principe », dit-il. En ce qui concerne DPG, écrire ou photographier pour un journal régional à tirage très limité nécessite un tarif différent d’une commande pour un journal national. Selon DPG, il n’y a pas de barre unique contre laquelle vous pouvez placer tous leurs pigistes. « De plus, Rogier et Van Uem ont accepté et réalisé leurs missions sous ce tarif à l’époque. Dans ce cas, une évaluation supplémentaire n’est pas équitable», explique Verkade.

4 Que s’est-il passé ces trois dernières années ?

DPG a augmenté ses tarifs pour la rédaction de pigistes au début de cette année par des pourcentages compris entre 2 et 3,6 %. La Fédération des médias, l’organisation faîtière des éditeurs, a également rencontré l’Association néerlandaise des journalistes (NVJ) en 2021, mais ces pourparlers sont au point mort. Les éditeurs ne voulaient pas payer les tarifs avec lesquels le radiodiffuseur public néerlandais était d’accord, et la NVJ a trouvé cela inacceptable. DPG et Mediahuis, les plus grands éditeurs de journaux aux Pays-Bas, ont annoncé en juillet 2021 qu’ils appliqueraient désormais un « code du travail », dans lequel les tarifs minimaux pour les indépendants rémunérés à l’heure étaient de 22 à 39 euros bruts.

Si la décision du juge du tribunal de district dans l’affaire Rogier et Van Uem résiste à l’appel, cela signifie, selon le secrétaire général Thomas Bruning, que la NVJ peut « encourager davantage de journalistes indépendants à faire également un pas en justice, pour éviter années de sous-paiement. correct. »

Et Ruud Roger ? Rétrospectivement, il « ne recommencerait absolument pas ». Il a cessé de travailler, mais sa profession n’a pas beaucoup progressé avec ce sacrifice. « Tu vas te sentir comme une sorte de paria dans ton domaine, ce n’est certainement pas le moyen le plus simple. » C’est désormais au gouvernement de protéger les indépendants sans pension ni assurance, estime-t-il. Et ce procès ? « Tout au plus peut-il indiquer combien cela est encore nécessaire. » L’appel doit intervenir ce jeudi, un verdict suivra dans quelques semaines.



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