Auto, le gouvernement vise la voie de la “neutralité technologique” : c’est ça que ça veut dire


“Nous suivons la voie de la neutralité technologique”. Le thème est le destin de la supply chain automobile dans le cadre de la transition écologique. Et Giorgia Meloni, consultée dans l’hémicycle, résume en quelques mots rapides la démarche qui a été, est et sera du gouvernement. “Notre objectif est de livrer une terre plus propre aux nouvelles générations, mais sans dévaster notre système de production sans créer de nouveaux chômeurs”. Les intérêts en jeu sont multiples, bien souvent peu évidents.

Une assurance contre les imprévus

“La neutralité technologique signifie une approche non discriminatoire de la régulation de l’utilisation des technologies, laissant le marché décider de la combinaison optimale”, explique Stefano da Empoli, économiste, président de l’Institut pour la compétitivité. Ainsi, les institutions publiques ne choisissent pas les technologies sur lesquelles se concentrer (d’où la « neutralité ») mais les objectifs et le cadre général de référence. « Cette approche est extrêmement logique au regard des processus d’innovation dont les résultats sont par définition très incertains. Des technologies potentiellement prometteuses aujourd’hui pourraient s’avérer demain moins efficaces ou plus chères que prévu et, à l’inverse, des technologies actuellement sous-évaluées pourraient se développer plus rapidement que prévu. Ainsi, la neutralité technologique est une assurance contre l’imprévu, toujours présent dans les processus innovants. De plus, il a le grand avantage de stimuler la concurrence entre les technologies alternatives et donc d’élargir le nombre d’acteurs capables de se concurrencer sur les marchés individuels».

Risque de désindustrialisation

Il ne s’agit pas, dans la vision explicitée à plusieurs reprises par le Premier ministre, d’enclencher un processus de désindustrialisation en déclenchant un effet paradoxal. “C’est un fait que la simple incitation à passer à l’électrique risque de délocaliser la production automobile vers des pays hors UE où les usines sont construites avec des procédés polluants” et que des problèmes tels que “l’élimination des batteries” et l’extraction des matériaux nécessaires peuvent survenir produire» avec des systèmes polluants.

Les avantages pour l’Italie

« Le principe de neutralité technologique, qui pendant de nombreuses décennies a été à la base de la régulation européenne du marché intérieur, a commencé à perdre de sa place à Bruxelles parallèlement au retour d’un rôle plus actif de l’Etat. Fondée sur l’importance croissante des chaînes d’approvisionnement et sur le concept d’autonomie stratégique et donc sur le retour d’une politique industrielle plus active (qui choisit les gagnants, y compris les technologies) » dit-il encore depuis Empoli. Dans le domaine énergétique et environnemental, la volonté d’accélérer la transition vers la neutralité climatique a conduit à une préférence explicite pour l’électrification des usages finaux, basée sur des sources renouvelables. Or, selon l’économiste, « pour un pays comme l’Italie, qui a misé parmi les premiers sur le gaz naturel et qui est très présent dans la supply chain automobile basée sur le moteur endothermique, l’adhésion à un principe de neutralité technologique lui permettrait de ne pas devoir renoncer au leadership acquis et contenir les coûts de la transition, nécessaire pour transformer complètement son système énergétique et industriel. De plus, nous avons une excellence absolue dans des technologies telles que les biocarburants, qui pourraient faire vivre l’actuelle aux côtés de la mobilité électrique, dans une perspective évidemment évoluée.

États et entreprises au travail

Historiquement, le principe de neutralité technologique a été respecté par l’Europe pendant des décennies et ce n’est que ces dernières années qu’il a été de plus en plus ignoré. Ai parce que l’Institute for Competitiveness a réduit l’attention de nombreuses analyses au fil du temps. « Derrière des raisons sans doute nobles (par exemple la nécessité d’accélérer vers des objectifs climatiques toujours plus ambitieux, au regard desquels il faut cependant rappeler que la contribution européenne est désormais décidément marginale, inférieure à 10 % des émissions mondiales), se cachent naturellement des intérêts forts de la part des États et des entreprises», souligne depuis Empoli. « Ce qui est bien sûr pleinement légitime, tant que l’intérêt général et la nécessité de composer des besoins différents ne sont pas perdus de vue. Et des pays comme l’Italie, qui ont des intérêts qui ne convergent pas forcément avec la tendance actuelle, peuvent faire valoir leurs raisons”.



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