Augusta, il y a un secret si le pitch est toujours parfait

Les Masters de cette année ont été marqués par de fortes pluies pendant deux jours. Pourtant pour le dernier tour tout était en ordre… Grâce à un immense système de ventilation souterrain

A 8h30 le dimanche matin, le jeu a repris. C’est le jour de Pâques et le Masters cherche son champion numéro 87. Le public s’apprête à vivre le duel au sommet entre Brooks Koepka et Jon Rahm, et à applaudir ceux qui tentent de gagner des places. Car ici rien n’est dit jusqu’au dernier coup. La troisième manche avait été suspendue samedi après-midi avec les trous immaculés et fleuris d’Augusta National littéralement sous l’eau, frappés par de fortes pluies pendant trente heures non-stop. Mais quand les joueurs reprennent leurs positions où ils ont marqué le ballon, le terrain est parfait.

AMÉLIORATIONS

Augusta National ne cesse de surprendre. Le parcours et le tournoi sont nés l’un pour l’autre et ont parcouru ensemble une histoire d’améliorations continues, grandes et petites. S’adapter à l’évolution de matériaux toujours plus performants, porter une attention maniaque à chaque détail et ainsi offrir une expérience unique à ceux qui jouent et à ceux qui gagnent une place au premier rang. Au vu du rendez-vous, la piste restera fermée au jeu pendant six mois. Comme le dit Tiger Woods, « C’est incroyable de voir à quel point chaque changement apporté au terrain donne l’impression qu’il l’a toujours été. » Il n’y a rien de tel sur la planète golf. Le champ sec le dimanche matin ne peut pas être le travail de mère nature. Ni du nombre exorbitant de travailleurs de terrain qui travaillent jour et nuit. Si la fin du tournoi n’a duré que lundi, ce n’est pas un hasard.

VENTILATION

Il a plu sur le Masters 48 fois en 87 éditions, 24 au cours des quarante et une dernières années. 25 tournois ont été retardés par la pluie et cinq se sont terminés lundi. Le dernier remonte à 1983, lorsque Seve Ballesteros a porté la veste verte pour la deuxième fois. Il fallait trouver une solution pour ne pas perdre autant de travail de préparation en un instant. Dit fait, mais bien sûr, vous ne pouvez pas le voir. Cependant, en y regardant de plus près, on remarque les grilles cachées par les reliefs à côté des greens d’où provient un bourdonnement sourd rappelant celui sourd entendu dans un avion. Les grilles assurent la ventilation nécessaire à un immense système souterrain de conditionnement des terrains, des greens et des fairways. Le système s’appelle SubAir (produit par une société à 25 kilomètres du club) et une première version était déjà en service à Augusta dès la fin des années 1990. Après une nuit de pluie battante, on apercevait une machine de la taille d’un poêle déversant un torrent d’eau. Il a été inventé sur place par Marsh Benson, directeur des opérations sur le terrain, et a été attaché au réseau déjà existant de tuyaux de drainage qui couraient sous la surface des greens. Comme un grand aspirateur, il aspirait l’eau et l’humidité du sol.

FRAIS

Le club a depuis équipé tous les greens et fairways des débarcadères des pilotes (mais aussi certains passages pour le public), avec des unités enterrées permanentes similaires. En réalité, comme ils l’expliquent dans les coulisses, le but de SubAir n’est pas seulement d’aspirer des rivières d’eau en cas de besoin, mais de pomper de l’air frais vers les verts par le bas, offrant aux racines un environnement optimal pour la croissance. Un traitement inverse. Le premier green à le recevoir fut celui du 12e trou, un cauchemar pour les greenkeepers depuis que le parcours existe, et l’amélioration fut immédiatement évidente. Le coût des coûts verts, d’installation et d’énergie est d’un peu moins de 30 000 euros.



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