ASML peut à peine répondre à la demande de machines à puces, et ils remarquent que dans la « petite ville » de Wilton

« Bill est de retour », déclare Joost Ploegmakers, responsable de la production à l’usine ASML de Wilton, Connecticut. Il fait remarquer.

Un cardinal, un oiseau rouge vif, bondit frénétiquement à la fenêtre de son bureau.

La nature n’est jamais loin dans cette ville américaine nichée dans les bois de la Nouvelle-Angleterre. Selon le dernier décompte, 18 503 personnes vivent à Wilton. Et Bill.

« Ce petit oiseau passe presque tous les jours – je pense me battre avec son reflet dans la fenêtre. Je l’ai nommé d’après mon prédécesseur, Bill Amalfitano.

Le fait que Wilton soit prospère – l’une des municipalités les plus riches de l’État avec un revenu moyen de 80 000 dollars par habitant – est en partie dû au plus gros employeur : le fabricant néerlandais de machines à puces ASML.

Au milieu de la zone bâtie de ce petite villedes deux côtés de la route principale Route 7, 2 500 personnes travaillent sur des composants et des capteurs avancés qui sont montés dans des machines de lithographie à Veldhoven, dans le Brabant.

Ces machines sont ensuite envoyées dans le monde depuis les Pays-Bas pour commencer à produire des puces dans une grande usine d’Intel, TSMC, Samsung ou SK Hynix.

Les machines de lithographie projettent des motifs de puces sur des plaques rondes de matériau semi-conducteur. Les puces sont construites couche par couche. Chaque puce contient une collection de milliards de transistors qui contrôlent ensemble votre téléphone, votre ordinateur ou votre voiture. ASML est le leader du marché dans cette technologie complexe, avec une part de marché de plus de 80 %.

200 millions de dollars

C’est lundi après-midi, début mai, que Joost Ploegmakers se prépare pour une ‘réunion de toutes les mains‘; un entretien avec l’ensemble du personnel. Il travaille sur la côte Est depuis un an et demi maintenant. Son message aux employés : Wilton doit suivre le rythme meurtrier de Veldhoven. Non pas qu’il s’agisse d’un nouveau message, certains salariés déclarent après coup : « On travaille ici sous haute pression depuis si longtemps que ça commence à s’habituer. »

La demande de machines de lithographie, cruciales dans le processus de production de puces, est si forte qu’ASML ne peut pas en fabriquer suffisamment. La pénurie de puces, qui dure depuis deux ans, n’est pas encore résolue et l’industrie des puces table également sur une demande accrue de puissance de calcul, de stockage numérique et de puces de communication à long terme.

Les États-Unis et l’Europe veulent que leurs propres usines de puces soient moins dépendantes des fabricants asiatiques. Cela se traduit par encore plus de commandes pour ASML (chiffre d’affaires annuel : 18,6 milliards d’euros).

Wilton doit grandir avec. Fin mai, ASML a annoncé un investissement supplémentaire de 200 millions de dollars dans son usine de Wilton. Le PDG d’ASML, Peter Wennink, l’a annoncé avec le département américain du Commerce.

ASML essaie d’attirer de nouvelles personnes à la frontière Connecticut-New York. Les techniciens américains sont généralement disposés à déménager, dit Joost Ploegmakers, « également à Wilton ». Les travailleurs de la production sont recherchés près de chez eux, avec des panneaux d’affichage le long du chemin. « Tous les emplois de haute technologie ne sont pas hors de portée », lit-on dans le slogan de l’ASML. Même si vous lycéeSi vous avez un diplôme, vous pouvez déjà commencer à travailler chez ASML. Plus amusant qu’un travail au Walmart local, selon un autre slogan de l’ASML : « Faites partie d’une entreprise qui fait partie de tout ».

Sans limites

Pour les travaux d’assemblage sur des parties des systèmes de lithographie, une formation scientifique n’est pas nécessairement nécessaire. Cela s’applique au département de développement, où 1 100 personnes travaillent sur de nouveaux produits pour les machines à puce. D’où viennent ces personnes qualifiées, se demande Claire Chen, employée d’ASML. Elle est responsable du département de développement et doit tripler son groupe de recherche – quatorze personnes – au cours des deux prochaines années pour suivre le rythme qu’exige ASML. « Il n’y a actuellement aucune limite au nombre de personnes que nous pouvons embaucher », dit-elle.

Chen elle-même est diplômée du MIT, l’institut technologique de Boston. Elle y parraine des projets pour montrer ce que l’ASML a à offrir en termes de technologie et de défis. « La pénurie de puces a contribué à mettre l’ASML sur le radar des étudiants. »

Ce qui rend l’expansion à Wilton encore plus complexe, c’est que l’usine produit pour plusieurs divisions ASML. Et tous en redemandent.

Les pièces de Wilton finissent dans des machines de lithographie, qui fonctionnent avec ultraviolet profond lumière, également appelée DUV. Ce sont les dispositifs de lithographie les plus couramment utilisés dans l’industrie des puces. De plus, la technologie est faite ici pour les machines de lithographie à lumière ultraviolette extrême, EUV. ASML fabrique 55 de ces appareils – 160 millions d’euros chacun – cette année.Wilton se prépare également pour la prochaine étape : des systèmes EUV avec des lentilles plus grandes (High-NA). Ces machines peuvent produire des copeaux encore plus fins. ASML veut fournir une vingtaine de ces appareils, qui coûtent 400 millions d’euros chacun, à partir de 2024.

télescope Hubble

L’installation ASML de Wilton appartenait à l’origine à Perkin-Elmer, une société américaine qui travaillait déjà sur des lentilles avancées pendant la Seconde Guerre mondiale. À la fin des années 1960, le ministère de la Défense a demandé à Perkin-Elmer de concevoir des machines de lithographie pour produire des puces pour des applications militaires. Dans les machines de lithographie, les lentilles sont importantes car elles doivent pouvoir projeter la lumière avec précision.

L’entreprise a continué à fabriquer des lentilles; y compris pour le télescope spatial Hubble, qui a été lancé en 1990 pour prendre des photos de galaxies lointaines. Cependant, Perkin-Elmer ne pouvait pas suivre les développements de la lithographie. Dans les années 1990, la société est rachetée par l’américain Silicon Valley Group (SVG). En 2011, ASML a payé 1,6 milliard de dollars pour SVG. ASML avait jeté son dévolu sur un client important de SVG, Intel, et souhaitait avoir accès à des connaissances spécialisées et à des brevets liés aux capteurs et aux systèmes optiques.

SVG était le dernier fabricant américain de machines de lithographie. Le monde des puces dépend désormais de la haute technologie néerlandaise – à la grande frustration du gouvernement américain. Il essaie d’empêcher ASML de fournir des machines de lithographie avancées à la Chine.

L’administration Biden veut stimuler sa propre industrie des puces pour qu’elle soit moins dépendante de l’Asie. Un programme de subventions de 52 milliards de dollars est prêt. Mais la loi CHIPS susmentionnée n’a toujours pas été adoptée par le Congrès américain. Le fabricant de puces Intel, qui veut construire de grandes usines dans l’Ohio, attend avec impatience la subvention. Les machines de lithographie ont déjà été commandées – auprès d’ASML.

Rafraîchissant

Beaucoup de choses ont changé en vingt ans depuis qu’ASML s’est installé à Wilton. L’américain typique cabines au bureau ont été remplacés par des bureaux ouverts et la culture de travail est devenue moins hiérarchique et plus directe. « C’était très rafraîchissant », dit Christopher – « Dites simplement Chip » – Mason. C’est un employé de longue date de Perkin-Elmer qui a traversé tous les rachats. « Il a fallu quelques années avant que je remarque que la méthode ‘Veldhoven’ était meilleure. »

Perkin-Elmer avait l’habitude de construire ce que le client voulait, dans le logement le plus petit possible pour gagner de la place. ASML s’est donné plus d’espace pour trouver une meilleure solution. « Mais plus de discipline est également nécessaire pour connecter toutes ces parties distinctes du système de lithographie d’ASML. »

Chip est maintenant un « ASML Fellow » – un titre honorifique pour les inventeurs de l’entreprise – et voit de nombreux nouveaux et jeunes collègues sur le lieu de travail. « L’enthousiasme du passé est de retour. La charge de travail est élevée, mais c’est mieux que les grands pics et creux que nous avons connus aux débuts de l’industrie des puces. Cela a causé beaucoup d’incertitude à l’époque », a déclaré Mason.

Assez d’espace

Pour ASML, qui compte 35 000 employés dans le monde, Wilton est la plus grande usine des États-Unis. Avec la poussée de croissance de l’entreprise néerlandaise, la ville endormie se transforme également en un centre de haute technologie animé. C’est une copie de la poussée de croissance du Brabant du Nord, autour du campus ASML en expansion à Veldhoven. A une différence près : il reste encore beaucoup de place à Wilton.

« Je ne saurais trop souligner à quel point nous sommes heureux avec l’ASML », a déclaré Lynne Vanderslice, la première sélectionneuse, une interprétation de la Nouvelle-Angleterre contre le maire. « Appelez-moi simplement le PDG de la ville. Je vis ici depuis plus de trente ans et dernièrement, j’ai vu notre communauté s’épanouir comme jamais auparavant – grâce aux employés d’ASML qui font leurs courses dans nos magasins et mangent dans nos restaurants.

Mais la première sélectionneuse est honnête : la plupart des gens, moi y compris, n’avaient jamais entendu parler d’ASML. Il y a quelques années, je travaillais pour une organisation bénévole accueillant des enfants en milieu urbain et j’ai reçu un appel d’ASML voulant faire un don. J’ai alors pensé : Qui est ASML ?

« Nous savions depuis un certain temps qu’ASML avait des plans de croissance », explique Michael Wrinn, responsable des projets de construction dans la ville. « Mais nous ne savions pas qu’ils allaient aller si vite. Nous travaillons actuellement sur un projet de 174 logements pour accueillir de nouveaux employés, et une autre parcelle de terrain a été dégagée pour des appartements et des maisons de ville supplémentaires.

La pression croissante sur le marché local du logement n’est pas seulement due à l’ASML, dit Wrinn. « De nombreux employés de bureau de New York ont ​​​​déménagé de la ville à la campagne pendant la pandémie. »

Il n’y a pas grand-chose à faire à Wilton pour les jeunes, préférant vivre dans des villes comme Norwalk et la ville voisine de Stamford. « Au moins, il y a une sorte de vie nocturne là-bas », dit Lynne Vanderslice. « C’est une ville familiale, pour les gens qui aiment le plein air et la nature.

En ce qui concerne Wilton, ASML peut continuer à se développer dans des bureaux restés vacants après la pandémie. Cela évite à la ville une crise financière, dit la première sélectionneuse. « Sinon, nos recettes fiscales chuteraient en raison de la vacance. »

ASML verse à Wilton 2,5 millions de dollars par an en taxes foncières, soit 2% du budget de la ville. Vanderslice : « Cela signifie de l’argent supplémentaire pour les terrains de sport et d’autres installations. Nous en profitons tous. »

Le trafic dans la ville est encore supportable, car les carrefours de l’agence ASML ont été améliorés. Wilton souhaite également intensifier les liaisons par bus avec les villes environnantes.

Cinq villes et villages créeront également conjointement le Norwalk River Valley Trail : une piste cyclable de cinquante milles à travers les vastes forêts de la Nouvelle-Angleterre, avec une sortie vers ASML. Il y a de fortes chances que vous rencontriez un cardinal en cours de route.