StRanger, jeter le superflu, est-ce une vertu ou une forme obsessionnelle de contrôle ? Je me suis posé la question en lisant la parabole de Marie Kondo, le gourou japonais qui a fait le succès avec des livres et des programmes télévisés qui apprenaient à ranger la maison.
Eh bien, la dame, maintenant âgée de 38 ans, elle s’est désavouée en admettant, à la naissance de son troisième enfant, qu’un peu de chaos est sain et acceptable.
Avouons-le tout de suite : le niveau de désordre que nous sommes capables de tolérer est absolument subjectif, au point que ce qui peut me sembler rangé peut ne pas l’être aux autres.
Laissez-moi vous donner un exemple personnel : ma maison regorge d’objets, dont beaucoup proviennent de mes nombreux voyages. Chaque chose a sa place, que j’ai tendance à ne jamais changer. Pourtant, je suis sûr que pour l’œil averti, l’effet global est chaotique.
j’en ai déduit mon idée de l’ordre consiste à donner aux choses ce qui pour moi est « leur place »: chaque matin, je sors de la maison en veillant à ce qu’il n’y ait pas une seule chemise jetée sur le lit ou une tasse dans l’évier.
Mais la mienne n’est qu’une illusion : en fait, j’ai découvert que les choses prennent leur place indépendamment de ma volonté. Il y a des boîtes de médicaments ou des agendas que j’ai posés sur une étagère avec l’idée de leur trouver un emplacement définitif mais qui, grâce à mon incapacité à les ranger, se sont mérité une place stable là où ils n’auraient pas dû a été.
C’est tout alors la place des choses n’est pas ce qui existe réellement mais ce que nous leur permettons d’avoir. Ce qui crée l’effet de chaos, c’est juste que.
A sa manière, sans déranger les psychologues, c’est une métaphore de ce qui se passe dans notre esprit quand nous avons un problème non résolu (je fais référence à quelque chose de sérieux, pas à des tâches quotidiennes) : au début on ressent le besoin de le résoudre, mais si on ne le fait pas tout de suite, à la fin on ne le reverra jamais.
L’accumulation de problèmes non résolus produit un chaos dans l’esprit que nous percevons sans le contrôler. Et là, chère Marie Kondo, tu avais raison : « Les gens ne peuvent pas changer leurs habitudes de rangement sans d’abord changer leur façon de penser ».
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