« Arno voulait faire une déclaration à tout prix, comme une sorte de cadeau d’adieu »

Opexle chant du cygne d’Arno, a été accepté par les lecteurs de Humo élu meilleur disque belge de l’année. Parce qu’une réaction d’Arno n’est plus une option, nous avons fait appel à Mirko Banovic, bassiste et bras droit d’Arno pendant de nombreuses années en studio, sur scène et lors de l’écriture des chansons.

Jürgen Becker

Mirko Banovic : « Arno et moi avons toujours eu une très bonne connexion, à la fois musicalement et humainement. Si nécessaire, je peux être très honnête et jusqu’au point et je pense qu’il a apprécié cela.

Vous souvenez-vous quand vous avez rencontré Arno pour la première fois ?

Banovic : « Cela devait être aux Lokerse Feesten, en 1998 si je ne me trompe pas. Il m’a demandé de venir chez lui et de parler de musique. Peu de temps après, les choses sont devenues très mouvementées lors d’une audition. ‘Joue des fois’, ‘Fais des fois ma soeur’, ‘Fais des fois comme ça’… J’ai pensé : c’est quoi ce bordel c’est tout ici ? Après deux ou trois chansons, Arno a dit : « C’est fait, je m’en vais. » Je pensais qu’il voulait dire qu’il n’aimait pas ça, mais soudain son manager se tenait à côté de moi avec une liste de dates de tournée. Arno était déjà parti, apparemment il avait rendez-vous avec une madame (des rires).”

A-t-il été difficile de faire ce dernier disque avec lui ?

Banovic : « Lourd. Ensuite, nous avons tous été dévastés. Arno voulait faire une déclaration à tout prix, comme une sorte de cadeau d’adieu, et parce qu’il voulait y être à 100%, il a refusé de prendre des analgésiques. Comme nous ne savions pas de combien de temps nous disposions, nous devions également travailler très rapidement. Quand Arno était fatigué, il rentrait chez lui, et parfois je devais l’appeler à contrecœur et lui dire : « J’ai besoin d’une autre prise. Quoi qu’il en ait retiré malgré la douleur : je n’ai pas pu le faire. »

‘La vérité’ sonne comme si elle avait été chantée avec son dernier souffle.

Banovic : « ‘La vérité’, ‘I Can’t Dance’ et ‘One Night With You’ sont les dernières choses que nous avons enregistrées. Et sa reprise vocale de ‘La paloma adieu’, le duo avec Mireille Mathieu.

Avec des chansons comme ‘Honnête’ et ‘Boulettes’ il y avait aussi de la place pour l’humour sur ‘Opex’.

Banovic : « Il ne voulait pas que tout l’enregistrement indique que c’était la fin. Il devait y avoir aussi ceux typiquement surréalistes va te faire foutrechansons sur. ‘Boulettes’, c’est en fait littéralement embrasser mes couilles, n’est-ce pas (des rires). Lever le majeur, c’était très important pour lui, jusqu’au dernier moment.

Quel a été ton meilleur moment avec lui ?

Banovic : « Si je devais en choisir un, ce serait celui sur lequel il, à la toute fin des enregistrements de Opex, dit aux musiciens : « Invités, je vous aime tellement, merci de me donner de la force. Un peu plus tard, alors qu’il partait, il dit au batteur Sam Gysel : ‘Sam, à plus tard alors, hein. A quoi Sam, qui travaillait encore sur un overdub, a dit : ‘Ouais ouais, à plus tard.’ Il ne l’a jamais revu. »

Une citation de vous : « Si vous étiez assis à côté d’Arno dans l’avion, vous aviez la garantie d’avoir du café partout sur votre pantalon. » Quelque chose que vous ne manquerez pas ?

Banovic (des rires) : « Dans le train, l’avion, la voiture… Si tu l’emmenais quelque part, ta voiture était de toute façon une poubelle. Un sandwich sous le siège, un coca renversé, etc. Arno était chaotique, il était plus fort que lui. Dans l’avion, il était assuré de pisser au moment du décollage. Ou s’il n’y avait que de la nourriture devant vous. Il aurait été content d’avoir un jet privé de notre part (des rires).”

© Humo



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