Le troisième décret de fournitures militaires à l’Ukraine prend son envol. La disposition a été publiée au Journal officiel, signée par le ministre de la Défense, Lorenzo Guerini, ainsi que les titulaires de l’économie et des affaires étrangères, Daniele Franco et Luigi Di Maio. La liste des matériaux partant pour Kiev, article par article, est en préparation. Aussi secrète que les précédentes, elle sera illustrée lundi par Guerini au Copasir (commission parlementaire pour la sécurité de la République). Les réunions du comité sont tout aussi secrètes en vertu de la loi.
Un point politique décisif divise encore la majorité. Il s’agit de l’envoi d’armes considérées comme “offensives” par opposition à celles définies plutôt comme “défensives”. Distinction presque surréaliste, bien sûr. Mais, concrètement, l’hypothèse d’un envoi des obusiers 155/39 FH-70, fournis à l’armée, aux forces armées ukrainiennes, pourrait enflammer l’affrontement déjà tendu dans la majorité.
Le M5S et la Lega opposés aux armes plus lourdes, les autres partis prudents
Jusqu’à présent, le débat a vu le M5S au premier plan, puis la Lega opposée aux armes plus lourdes. Les autres partis ne s’y sont pas pour autant opposés mais restent prudents. Bref, la liste du troisième décret est un sujet brûlant. Lorenzo Guerini, lors de la récente audition des commissions de défense de la Chambre et du Sénat, a évoqué l’envoi déjà effectué les deux fois précédentes. “Il concerne les systèmes antichars, les systèmes de défense aérienne à très courte portée, les mortiers, les munitions d’artillerie, les systèmes de communication, les équipements de protection individuelle et les kits de survie.” Foi atlantique incontestée mais tout aussi sens politique, le ministre de la Défense a ensuite souligné comment la fourniture d’armes à l’Ukraine “ne peut être séparée du travail et de l’effort que nous déployons avec d’autres États européens, un effort diplomatique pour un cessez-le-feu et pour entamer des négociations”.
Une liste de fournitures militaires avec des moyens plus combatifs
La position de Guerini coïncide avec la ligne désormais prise par le Premier ministre Mario Draghi. La liste des fournitures militaires, actuellement en cours de clôture, n’est donc pas identique aux précédentes. Certains matériaux sont épuisés. D’autres ont été intégrés. Mais il s’agit surtout des moyens les plus combatifs et réactifs disponibles dans notre parc de défense. Il y a, par exemple, le M113, un véhicule de transport de troupes à chenilles, conçu dans les années 1950, pas exactement la dernière version. Les Lince Vtlm (véhicule tactique léger multirôle) ont vu le jour, déjà actifs au Liban, en Afghanistan et en Somalie.
Plus à risque politiquement, comme les obusiers FH-70, peut-être encore plus, sont les Leopard, des chars à part entière, construits au milieu des années 60 du siècle dernier. Au Parlement, les Léopards discutent d’un programme de modernisation. Pour la “préparation opérationnelle”, ils pourraient avoir une revue rapide en Allemagne faite par l’industrie Rheinmetall, un géant du secteur.