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Le groupe français Ardian a amassé plus de 20 milliards de dollars pour acheter des participations dans des fonds de capital-investissement auprès d’investisseurs, mettant en évidence un coin de la finance qui défie la crise plus large de la collecte de fonds.
La société basée à Paris a levé des fonds pour un fonds secondaire qui profite d’investisseurs institutionnels qui doivent parfois vendre des participations dans des fonds de capital-investissement de manière anticipée. Généralement, les fonds de rachat bloquent l’argent des investisseurs pendant plus d’une décennie.
Selon des personnes proches du dossier, Ardian, qui gère un total de 150 milliards de dollars, vise à terme à lever 25 milliards de dollars pour son fonds secondaire.
L’Abu Dhabi Investment Authority (Adia) a accepté d’investir 6 milliards de dollars dans le fonds et par le biais de co-investissements dans ses transactions, selon une personne proche du dossier, signe des plans de plus en plus ambitieux du fonds souverain.
Au cours de la dernière décennie, les investisseurs ont accru leur allocation aux actifs moins liquides du marché privé, y compris les fonds de rachat et l’immobilier, à la recherche de rendements plus élevés. La tendance a stimulé la croissance des fonds secondaires qui offrent aux fonds de pension la possibilité de sortir de tels investissements plus tôt s’ils en ont besoin.
Ils ont encore pris de l’élan au cours des 12 derniers mois depuis la fin du marché haussier des actions américaines, ce qui a obligé certains investisseurs à vendre leurs avoirs dans des actifs du marché privé, tels que des fonds de capital-investissement, pour aider à rééquilibrer leurs portefeuilles.
L’année dernière, la valeur des accords conclus par des fonds secondaires a atteint 105 milliards de dollars, soit près de cinq fois plus qu’il y a dix ans, selon la banque d’investissement Raymond James.
Le marché en plein essor des fonds secondaires a également conduit de grands groupes de rachat privés américains tels que Blackstone à les créer, alors qu’ils se précipitent pour capitaliser sur une stratégie qui attire de l’argent dans un contexte de ralentissement plus large des collectes de fonds.
Plus tôt cette année, Blackstone a levé plus de 22 milliards de dollars pour son fonds secondaire, le plus important du genre. En revanche, son fonds de rachat phare avait levé 15,5 milliards de dollars fin mars.
Les fonds secondaires ont levé près de 40% de fonds supplémentaires au premier trimestre par rapport à la période de l’année précédente, selon les données de PitchBook, alors même que d’autres stratégies dites alternatives, notamment les fonds de capital-investissement traditionnels et les infrastructures, ont toutes subi des baisses.
Dirigé par Dominique Senequier, Ardian compte plus de 1 000 collaborateurs et 16 bureaux. Il entretient des liens étroits avec de puissants fonds souverains, dont Mubadala et Adia d’Abu Dhabi.
Son dernier fonds secondaire a levé 19 milliards de dollars en 2020. Depuis lors, Ardian a perdu certains dirigeants de l’équipe responsable de ce type d’opérations.
Ardian et Adia ont refusé de commenter.