Après l’occasion manquée de dédier l’aéroport de Malpensa à la première aviatrice italienne, Rosina Ferrario, lui préférant Berlusconi, Milan a baptisé hier trois avenues des Jardins Montanelli en l’honneur de trois grands scientifiques : Margherita Hack, Laura Bassi et Dian Fossey. Mais le chemin des femmes vers l’égalité toponymique est long et semé d’embûches


LELa longue marche vers l’égalité des sexes passe non seulement par les chemins ouverts aux femmes dans les différents domaines du savoir, mais aussi par ceux qui leur sont donnés par les administrations municipales. Depuis hier les avenues intérieures des jardins Montanelli de Milan porteront le nom de trois grandes scientifiques : Margherita Hack, Laura Bassi et Dian Fossey. Améliorer la toponymie de la ville et la rendre (plus) féminine est un objectif que la municipalité de Milan s’est fixé depuis un certain temps déjà, avec quelques bonnes initiatives de rues dédiées aux femmes mais aussi quelques faux pas. Voir le nom controversé de l’aéroport de Malpensa en l’honneur de Silvio Berlusconi. Et non, par exemple, un Rosina Ferrario, première aviatrice italienne né à Milan en 1888, exerçant à Malpensa. Son nom a été proposé, mais il a été ignoré. Fin de l’histoire ? Une plaque de consolation lui sera dédiée à l’arrêt M4 à Linate.

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Rues dédiées aux femmes dans les jardins Montanelli. Margherita Hack, Laura Bassi et Dian Fossey

Le nom des trois avenues des Jardins Montanelli en l’honneur des trois scientifiques salue une proposition avancée par les filles et les garçons du Conseil de la Commune 1, à leur tour porte-parole des élèves des écoles du centre historique. Il s’agit notamment, depuis aujourd’hui, de Marguerite Hack (Florence, 12 juin 1922-Trieste, 29 juin 2013), astrophysicien italien, communicateur scientifique et activiste, avenue donnant sur via Palestro. À Laura Bassi (Bologne, 1711-1778), physicienne italienne, parmi les premières femmes diplômées en Italie et première au monde, à l’époque moderne, à obtenir une chaire universitaire, avenue donnant sur Corso Venezia. À Diane Fossey (San Francisco, 1932-Rwanda, 1985), zoologiste américaine connue pour ses études sur les gorilles au Rwanda, l’avenue donnant sur via Manin et viale Città di Fiume.

Toponymie milanaise féminine

Les quotas roses dans la toponymie milanaise ont récemment augmenté également en raison de la dénomination du la chanteuse Giuni Russo d’un jardin. À Laura Péronirelais partisan, depuis le jardin secret de la via Terraggio. D’un jardin et d’un potager sur la Commune 8 à Wally et Lena D’Ambrosiosœurs de la Résistance. A l’actrice romaine, commande de Giorgio Strehler au Piccolo Teatro, Adélaïde « Lilla » Brignone une petite place a été dédiée à la place. Les rues dédiées aux femmes, il faut le dire, sont des coins verts, des parcs galeux, des potagers, des avenues à l’intérieur des jardins. Pour les principales artères de la ville et les aéroports c’est clair, il faudra attendre.

Statues dédiées aux femmes à Milan

Après les rues dédiées aux femmes, l’autre front ouvert est celui de ce qu’on appelle l’odonomastica, la dénomination de statues en l’honneur d’hommes et de femmes illustres. Outre les statues de madones et de saints, la première dédiée à une figure féminine dans le centre de Milan n’a été inaugurée qu’en 2021.et c’est celui de la patriote Cristina Trivulzio di Belgiojoso (1808-1871). Le premier monument public à Milan représentant une femme remonte à 2019 et est également le premier créé par une artiste féminine, Rachele Bianchi. Auparavant, les 121 statues milanaises étaient toutes masculines.

De Margherita Hack à Alda Merini

Suivi en 2022 la statue de Margherita Hack (1922-2013), devant le siège de l’Université de Milan, via Festa del Perdono. Souvenons-nous tous des difficultés rencontrées pour trouver un logement à la statue Nous venons du lait maternel par Vera Omodeo. Mais on attend avec impatience les nouvelles statues de femmes annoncées. Du poète Alda Mérini (Milan, 1931 – 2009), qui sera situé Via Magolfa, à quelques pas de sa Maison-Musée et du pont de pierre déjà dédié sur les Navigli. Du pédagogue et scientifique Joséphine Pizzigoni (Milan, 1870 – Saronno, 1947).

Et pendant ce temps la statue vandalisée d’Indro Montanelli résiste

Bref, graver la grandeur féminine dans la pierre est un exploit. Plus ou moins comment répondre à quelqu’un qui se met en colère contre vous la statue d’Indro Montanelli, située dans les mêmes jardins de la Porta Venezia qui abritent aujourd’hui viale Margherita Hack, en la dégradant ou en demandant son retrait.

Montanelli que il a acheté et épousé une jeune Érythréenne de douze ans pour lui servir d’esclave sexuelle. Mais comme on le sait, « c’était un grand journaliste », et « nous faisons tous des erreurs ». Et « c’étaient des époques différentes ». Quiconque conteste entendra la réponse comme celle-ci.

Pour ne pas l’oublier, voici ci-dessus la vidéo de la Rai de 1969, dans laquelle la journaliste et écrivaine italo-érythréenne Elvira Banotti a exhorté Montanelli à propos de sa « relation » pro-esclavagiste. « En Europe, on dirait que vous avez violé une fille de 12 ans, quelles différences pensez-vous qu’il existe de nature biologique ou psychologique chez une fille africaine ?»a-t-elle demandé. Montanelli semblait pour une fois à court de mots : « C’est comme ça que ça marche en Abyssinie. »

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