Après l’échec de l’accord d’été, le gouvernement fédéral demande à nouveau un accord majeur à l’automne. L’automne est la dernière chance de prendre de grandes décisions. Vivaldi peut-il récupérer?
Vendredi, les ministres fédéraux ont refermé la porte de leur cabinet derrière eux. L’accord de principe avec Engie sur la prolongation de l’ouverture de deux centrales nucléaires était le dernier obstacle à franchir avant les congés politiques. La plupart sont maintenant en route vers leur destination de vacances, allant de la France (Petra De Sutter, Vincent Van Peteghem), la Suisse (Annelies Verlinden) et la Grèce (Meryame Kitir) aux États-Unis (Alexander De Croo).
Ils pourraient utiliser le reniflard. Pendant deux mois, les ministres ont serré les dents sur le tant attendu « Accord d’été », une série de décisions par lesquelles le Premier ministre De Croo (Open Vld) a voulu prouver que son gouvernement était capable de mettre en œuvre d’importantes réformes. Si tout se passait bien, avant la fête nationale du 21 juillet, le gouvernement prendrait des décisions concernant – soufflez – la fiscalité, le pouvoir d’achat, le marché du travail, le nucléaire, la défense, les retraites et le budget.
Comme prévu, cette liste de blanchisserie impressionnante s’est avérée trop ambitieuse. Les experts qui devaient préparer les mesures de pouvoir d’achat avaient à peine terminé leur rapport final qu’il fut immédiatement rasé pour être « trop militant » et « condescendant au plus haut point ». Même scénario autour de la réforme fiscale que le ministre des Finances Vincent Van Peteghem (cd&v) et ses experts ont mis sur la table.
L’accord de travail et l’augmentation du budget de la défense ont été approuvés. Mais l’accord nucléaire avec Engie n’est pas encore tout à fait finalisé : il y a d’abord un peu de bagarre avec les Français pour savoir qui doit payer les frais de stockage des déchets nucléaires. Lorsque la réforme des retraites a également échoué la semaine dernière, peu de personnes dans la Wetstraat ont fait le moindre effort pour cacher leur frustration.
Deuxième siège
L’approche n’était tout simplement pas la bonne, a déclaré le vice-Premier ministre Van Peteghem dans une interview à ce journal. De Croo a créé des attentes trop élevées, impossibles à satisfaire à court terme. Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, a estimé que le Premier ministre « pourrait montrer un peu plus de respect à ses partenaires ». Bref, l’agenda estival n’a pas été un succès.
Néanmoins, on parle déjà d’un autre accord majeur à l’automne. Un second siège pour Vivaldi. « Il sera important de travailler dur pour un accord majeur d’ici le 15 octobre sur les dossiers en suspens, dont le pouvoir d’achat. Ensuite, nous montrerons que nous pouvons effectivement mettre en œuvre des réformes », a déclaré vendredi le président du PS Paul Magnette dans ce journal..
Ce week-end, il a ajouté une force supplémentaire à cet appel dans une interview avec Le Soir. « Jusqu’à présent, nous travaillions dossier par dossier, ce qui rendait difficile de trouver un compromis dans une coalition comme celle-ci. Dans un contexte plus large, dans lequel il y a quelque chose à gagner à la fois pour les socialistes et les libéraux, plus est possible. Je suis ouvert à un gros paquet avec le budget, les salaires, le pouvoir d’achat, l’énergie, la fiscalité et l’enveloppe sociale.
Un tel accord aurait l’avantage que le gouvernement n’aurait pas à répondre constamment à la question de savoir s’il va rester à l’écart. Elle est d’ailleurs conforme aux plans de Van Peteghem, qui veut présenter une version allégée de sa réforme fiscale avant la réunion budgétaire de septembre. En tout cas, quelques dossiers attendaient encore le feu vert, dont les mesures de pouvoir d’achat, l’accord avec Engie et les milliards de budgets ferroviaires.
Norme salariale
L’espoir d’une revanche n’est pas illogique. Tout le monde dans la Wetstraat suppose que cet automne est la dernière chance de mettre en œuvre des changements majeurs. Après cela, les élections de mai 2024 se profilent au loin, ne laissant aucun parti enclin à faire des concessions. Si De Croo et ses ministres veulent redresser l’image d’un gouvernement sans réforme, ils doivent agir vite.
« A un moment comme celui-ci, alors que nous avons eu une crise après l’autre, n’allons-nous pas organiser à nouveau le grand bloc? », s’est demandé De Croo dans l’interview de dimanche. Actualités VTM.
Mais dans quelle mesure une telle reprise est-elle réaliste ? Magnette met d’emblée sur la table trois dossiers qui devraient définitivement être traités par le PS : la loi salariale de 2017, la concertation salariale en 2023 et l’enveloppe sociale (le budget pour augmenter les allocations). Ces dossiers ont souvent provoqué des tensions au sein du gouvernement. Par exemple, les socialistes soutiennent la demande des syndicats d’autoriser davantage d’augmentations de salaires, tandis que les libéraux résistent.
Avec des actions nationales et des grèves, les syndicats promettent un automne chaud. Cela menace d’exacerber les contradictions au sein du gouvernement. Idem pour la réforme fiscale : pour les Verts et les Socialistes, cela doit se faire rapidement, alors que selon Bouchez c’est le meilleur moyen « d’appauvrir la Belgique ». Alors tout le monde espère une percée, mais semble s’en tenir obstinément à ses propres recettes.
C’est au Premier ministre De Croo de brasser quelque chose qui soit digeste pour tout le monde.