Après l’alarme sur la pollution de la vallée du Pô, une légère pluie suffit à oublier le dysfonctionnement des centrales…


À À Rome, le ciel était bleu comme l’été, les arbres étaient verts (sont-ils persistants ?) et la Villa Borghèse était bondée de touristes en train de bronzer. Il faisait chaud en montagne depuis la mi-avrilla neige abondante qui mettait à rude épreuve les quadriceps et le parfum humide de la forêt lors du dégel.

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Même à Milan c’était beau, la couverture de brume grise avait fondu sous la chaleur, une chaleur qui caresse la peau, une chaleur suffisante pour se promener sans chapeau, avec un manteau déboutonné et le nez retroussé. Comme les premiers printemps sont beaux ! Qui se plaint si la saison la plus désirée arrive plus tôt et chasse le froid et l’obscurité ?

Et tu chasses les mauvaises pensées : le doute que cette beauté à laquelle il est si doux de s’abandonner ait un arrière-goût inquiétantet puis que la neige ne revient jamais ou ne revient pas comme elle était, que l’hiver timide recèle un printemps malin puis un été torride, et qui sait si l’eau coule encore, fraîche et claire, du haut des sommets des montagnesou il s’épuise là aussi.

Danda Santini, directrice d’iO Donna (photo de Carlo Furgeri Gilbert).

Les mauvaises pensées, à repousser pour profiter de la chaleur, sécher les os, recharger les batteries, remplir ses yeux de ciel, mettre son visage au soleil. Respirer. Plutôt. Respiration non. Respirez le moins possible, si possible, mais comment est-ce possible ?, dans toute la vallée du Pô.

Avec l’amère vérité que c’est justement la chaleur qui nous plaît, la beauté stable que nous aimons, l’absence de vent gênant et de pluie insistante qui nous emprisonne sur la tête, devant le ciel qui s’ouvre au loin, particules fines et dioxyde d’azote, émissions de l’industrie et de l’agriculture, mais aussi des porcs et des vachesle chauffage domestique, les gaz d’échappement des voitures, les métaux lourds provenant de l’usure des freins et des pneus.

Le mélange mortel de notre quotidien ce qui se traduit par des rhumes qui ne disparaissent jamais, des toux capricieuses, des yeux brûlants. Les personnes âgées à la maison, les enfants à l’écart de la circulation, marchant dans les rues calmes, mais marchant le moins possible (et dix mille pas par jour ?), ne courent pas, aèrent peu les maisons et espèrent que de fines poussières ne s’y déposent pas. les meubles. Abandonne la voiture, baisse le chauffage, espère que tout le monde fasse pareilrecherchez des masques et gardez-les à portée de main.

Comme il y a trois ans, mars 2020, confinement. Nous sommes à l’intérieur, à l’extérieur d’un printemps poignant, beau, intouchable. La nature indifférente qui avance alors que nous regardons avec regret ce que nous perdons. Et c’est seulement lorsque nous nous sommes arrêtés que nous avons réalisé que l’air était à nouveau clair et léger.. Respirer profondément, chasser l’angoisse du Covid. Le bonheur peut vite revenir à portée de main.

Il suffit alors d’une légère bruine, d’un coup de vent et on oublie les centrales qui se détraquent.l’urgence d’un hiver trop chaud pour être en bonne santé.

Milan est la troisième ville la plus polluée au monde (illustration de Cinzia Zenocchini).

Il faudra l’exhumer le fantôme du Grand Smog d’un personnage célèbre histoire de Dino Buzzati je viens de republier depuis Courrieroù la cape visqueuse a introduit ses tentacules crasseux au fond des poumons du protagoniste négationniste ? C’était en janvier 1963, il y a soixante ans. Depuis, nous avons pu éliminer les peintures toxiques, l’amiante et les sprays qui détruisent la couche d’ozone. L’innovation peut se produire très rapidement. Mais comme le préviennent les scientifiques : il est impossible d’atteindre ses objectifs si l’on n’essaye pas sérieusement.

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