Après cinq mois de tapage, le célèbre hedge fund britannique a décidé de démissionner

La question n’était pas tant de savoir si son entreprise allait s’effondrer, mais plutôt quand. Après que son fondateur et homonyme Crispin Odey ait été à nouveau discrédité en juin pour inconduite sexuelle, son célèbre hedge fund s’est progressivement effondré ces derniers mois. Cet effondrement est désormais terminé : ce mardi, Odey Asset Management a annoncé la fermeture de la société d’investissement.

Juste un jour après le journal économique britannique Temps Financier publié cet été Concernant les accusations portées par treize femmes contre Odey, les premiers grands bailleurs de fonds de l’investisseur à effet de levier ont annoncé vouloir mettre un terme à la collaboration. D’abord la banque d’investissement américaine Morgan Stanley a dit au revoir, puis la française Exane et le même après-midi aussi l’américaine Goldman Sachs.

Odey (aujourd’hui âgé de 64 ans) aurait fréquemment harcelé des femmes pendant plus d’un quart de siècle. Cette accusation dure depuis un certain temps : en 2021, Odey a déjà dû comparaître devant le tribunal parce qu’une jeune banquière l’accusait d’agression sexuelle. Le célèbre investisseur britannique a nié cette accusation et a été acquitté à l’époque.

Les accusations de cet été étaient bien plus étendues. Après la publication du Financial Times, sept autres femmes ont contacté le journal avec des histoires similaires. Odey nie toutes les accusations, sauf une : en septembre, il a confirmé qu’il avait déjà attrapé une femme par les seins. Selon lui, cela s’est produit sous l’effet d’une anesthésie donnée par son dentiste.

L’investisseur ne voyait dans un premier temps aucune raison de rompre avec l’entreprise qu’il avait fondée en 1991 et dans laquelle, selon les médias britanniques, il disposait d’environ 600 millions de dollars (570 millions d’euros) de ses propres fonds. Lorsqu’il s’est avéré que ses collègues faisaient pression en ce sens, il a répondu combatif envers le FT. Pour qu’un fonds change de propriétaire, il faut « un acheteur consentant » mais surtout « un vendeur consentant ». Moins d’une heure plus tard, Odey Asset Management annonçait la rupture.

Koppie

Pendant un moment, les gestionnaires de fonds et les partenaires de l’entreprise ont cru que les problèmes avaient disparu, mais quelques jours plus tard, le plus grand prêteur, JPMorgan, a également annoncé qu’il mettait fin à ses relations avec la société d’investissement, suivi un jour plus tard par la suisse UBS. Entre-temps, Odey Asset Management avait déjà clôturé un de ses fonds et restitué la participation aux prêteurs.

Depuis, le gestionnaire de fortune vit dans une sorte de vide. Il a décidé de geler certains fonds, tandis que les gestionnaires d’autres fonds se sont efforcés de trouver une autre société pour héberger leur portefeuille d’investissement et leurs clients. Pendant ce temps, l’organisme de surveillance financière britannique FCA a ouvert une enquête sur Odey Asset Management et son homonyme.

Odey annonce désormais sur son site Internet que tous les fonds et gestionnaires associés ont été transférés vers d’autres sociétés. Le reste du personnel restera dans l’entreprise pour gérer le processus de liquidation. Odey n’a pas voulu répondre aux médias britanniques sur la fin de l’entreprise qu’il avait fondée.

Avec la fermeture d’Odey Asset Management, l’un des investisseurs à effet de levier les plus anciens et les plus connus du Royaume-Uni va disparaître. Odey a lancé l’entreprise juste au moment où les hedge funds devenaient populaires. L’investisseur est connu pour ses performances d’investissement erratiques : il va souvent à contre-courant du marché, provoquant de lourdes pertes mais aussi des profits spectaculaires. Par exemple, en 2008, au moment de la crise financière, il a spéculé sur la chute des prix des grandes banques. À son apogée, Odey disposait de plus de 11 milliards d’euros de capital géré, selon l’année dernière. Le gardien 3,5 milliards supplémentaires.



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