Apartheid : les accusations contre Israël justifiées ?


La Cour internationale de Justice n’a pas récemment obligé Israël à mettre fin à l’offensive sur Gaza. Cependant, les juges ont ordonné à Israël de prendre davantage de mesures de protection pour les civils palestiniens.26/01/2024 | 1:31 minutes


Des routes avec des voies séparées pour les Israéliens et les Palestiniens, des couvre-feux et des restrictions à la liberté de déplacement des Palestiniens : ce sont des mesures comme celles-ci qui permettent à Israël de traiter la population palestinienne dans les territoires palestiniens occupés différemment des Israéliens qui s’y sont installés. Pour protéger la population israélienne, dit Israël, pour opprimer systématiquement les Palestiniens, dit la partie palestinienne.

L’accusation d’apartheid n’est pas nouvelle ; elle est soulevée depuis des années par la partie palestinienne, mais aussi par les organisations de défense des droits de l’homme.

Que signifie l’apartheid ?

Le terme est étroitement lié à l’histoire de l’Afrique du Sud. Là-bas, au XXe siècle, les Boers d’origine européenne ont installé un système de ségrégation raciale dans lequel les gens étaient divisés en groupes en fonction de la couleur de leur peau. Les Sud-Africains non blancs étaient victimes de nombreuses discriminations de la part des lois officielles ; par exemple, ils n’étaient pas autorisés à voter. Sur la base de cette expérience, l’apartheid est également devenu un concept juridique au regard du droit international.

« Le génocide présuppose une intention de détruire, qui à mon avis n’est pas présente ici », déclare Stefan Talmon, professeur de droit international à l’université de Bonn, à propos du procès pour génocide contre Israël.01/12/2024 | 4:59 minutes


À la base, l’apartheid concerne l’oppression d’un groupe défini selon des critères « raciaux » – selon la Convention anti-apartheid – en refusant, par exemple, à ses membres de participer à la vie politique, sociale, culturelle ou économique d’un pays. . Autre exemple : créer des ghettos ou exproprier des propriétaires fonciers afin de diviser la population selon des critères raciaux.

Apartheid – crimes contre l’humanité

Tout comme pour le crime de génocide, le facteur décisif dans l’apartheid est le but pour lequel l’oppression est exercée. Elle doit viser à établir ou à maintenir la domination d’un groupe « racial » sur un autre groupe de ce type.

L’interdiction de l’apartheid est considérée comme obligatoire en droit international coutumier. Tous les États doivent s’y conformer. En outre, l’apartheid constitue un crime contre l’humanité au regard du droit pénal international. Cela signifie que des individus peuvent également être punis pour cause d’apartheid.

Depuis 1967, fin de la guerre des Six Jours, Israël occupe certaines parties de la Palestine, notamment la Cisjordanie et Jérusalem-Est. Selon la classification de l’Allemagne et d’autres États, la bande de Gaza est toujours un territoire occupé, même si Israël n’y était pas présent jusqu’à l’attaque terroriste du Hamas en octobre 2023, mais contrôlait uniquement les frontières.

Source : ZDF


Comment évaluer la situation au Moyen-Orient ?

Stefan Talmon, professeur de droit international à Bonn, évalue ainsi la situation au Moyen-Orient :

Il y a de bonnes raisons de croire qu’il existe des éléments d’apartheid, mais aussi de bonnes raisons de penser que la situation est différente dans les territoires palestiniens occupés.

Stefan Talmon, professeur de droit international à l’Université de Bonn

Une différence avec le régime d’apartheid en Afrique du Sud, par exemple, est que le traitement inégal des Palestiniens n’a pas lieu en Israël, mais qu’Israël agit plutôt comme une puissance occupante. Dans une situation d’occupation, l’occupant est généralement autorisé à traiter les membres de la puissance occupante différemment de la population du territoire occupé.

D’un autre côté, Israël n’est pas une pure puissance occupante : au cours des dernières décennies, il a réinstallé 700 000 colons, entre autres en Cisjordanie, en violation du droit international.

Stefan Talmon, professeur de droit international à l’Université de Bonn

« La population locale est également discriminée à l’égard de ces colons, par exemple lorsque certaines rues ne sont ouvertes qu’aux Israéliens », explique Talmon.

La reconnaissance du procès de l’Afrique du Sud est une défaite pour Israël, a déclaré Luc Walpot, correspondant de ZDF. Mais cela ne signifie pas qu’Israël a été reconnu coupable d’avoir enfreint la convention.26/01/2024 | 9h51 minutes


Quand commence-t-on à parler d’apartheid ?

Cependant, toutes ces discriminations ne conduisent pas à l’apartheid. Selon l’expert en droit international Stefan Talmon, l’objectif de ces mesures est crucial : s’agit-il d’un régime israélien fondé sur la séparation raciale et la discrimination à l’égard de la population palestinienne et de son oppression systématique, ou s’agit-il d’intérêts de sécurité ?

« C’est une situation complexe et mixte », dit Talmon, en faisant référence aux territoires palestiniens – chaque mesure doit être évaluée individuellement.

Le diable est dans les détails ; affirmer de manière générale qu’Israël pratique l’apartheid ne rend pas justice à la situation complexe.

Stefan Talmon, professeur de droit international à l’Université de Bonn

Il reste à voir si la Cour internationale de Justice abordera explicitement l’accusation d’apartheid lorsqu’elle présentera son rapport. Il faudra probablement des mois, voire des années, avant que la Cour ne prenne une décision.

Samuel Kirsch fait partie de la rédaction de ZDF Droit et Justice.

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