Amnesty : Nouvelles preuves d’abus de migrants à la frontière polono-biélorusse


Bon nombre des 2 000 migrants détenus en Pologne l’année dernière après avoir traversé la frontière avec la Biélorussie ont été maltraités. Amnesty International a conclu que lundi dans un rapport sur la base de 75 entretiens avec des réfugiés qui sont arrivés en Biélorussie l’été dernier et ont ensuite été poussés de l’autre côté de la frontière vers la Pologne. L’organisation de défense des droits de l’homme écrit que les migrants ont été « fouillés dans des centres de détention insalubres et surpeuplés » et, dans certains cas, ont été sédatifs ou attaqués avec des armes à décharge électrique.

L’été dernier, l’Union européenne a imposé des sanctions contre la Biélorussie en réponse au détournement d’un avion transportant le militant Roman Pratasevich. Le président Alexandre Loukachenko a ensuite fait venir des Syriens, des Afghans et des Irakiens dans son pays, leur promettant qu’ils pourraient rejoindre l’Union européenne à partir de là. En réalité, ils ont été poussés au-delà des frontières avec la Pologne ou la Lituanie. Selon Amnesty, les autorités polonaises détiennent « systématiquement » les migrants qui traversent la frontière avec la Biélorussie et les repoussent « par la force ». Tel refoulementsL’expulsion des migrants des frontières extérieures de l’Europe avant qu’ils ne puissent demander l’asile est interdite par le droit international.

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Armes à décharge électrique et étourdissement forcé

Les réfugiés qui n’ont pas été renvoyés ont été détenus dans des centres de détention en Pologne, selon le rapport, où ils ont peu accès à l’assainissement et à une aide mentale et physique. Dans le centre de détention polonais de Wędrzyn, vingt-quatre hommes sont assis dans une pièce de huit mètres carrés, écrit Amnesty. Pour être fouillés, les nouveaux migrants devaient se déshabiller et rester accroupis « plus longtemps que nécessaire ».

Dans un autre centre de détention, des migrants ont été placés dans une cellule d’isolement pour avoir demandé une serviette ou plus de nourriture. Certains migrants qui ont raconté à Amnesty International leur expérience en Pologne ont déclaré avoir été attaqués avec des armes à décharge électrique ou avoir reçu des sédatifs par injection lorsqu’ils se sont opposés à leur expulsion.

L’été dernier, la crise migratoire à la frontière polono-biélorusse a atteint son paroxysme lorsque des milliers de migrants se sont présentés à la frontière polonaise. La Biélorussie a autorisé certains médias internationaux à faire des reportages dans la zone frontalière, mais les journalistes n’ont pas été autorisés à se rendre à la frontière polonaise. Moins de migrants semblaient avoir fait la traversée entre la Biélorussie et la Pologne cet hiver – seuls de petits groupes de personnes ont été arrêtés du côté polonais. Les autorités locales n’autorisent toujours pas les travailleurs humanitaires et les journalistes à rendre compte des événements à quelques kilomètres de la frontière européenne.

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