L’aide au Maroc démarre lentement. Les pays sont prêts à envoyer des équipes, mais le Maroc n’autorise pour l’instant que quatre pays. “Les autorités n’ont pas prêté attention aux besoins du Maroc rural.”
Le temps presse au Maroc : les sauveteurs recherchent sans relâche les survivants dans les villages reculés. Toutes les zones des montagnes de l’Atlas n’ont pas encore été atteintes, mais les chances de retrouver des personnes vivantes sous les décombres diminuent. Vendredi soir, le pays a été frappé par un important tremblement de terre, faisant au moins 2 600 morts.
L’équipe espagnole de recherche et de sauvetage est désormais arrivée dans le pays. Le Maroc a également accepté l’aide du Royaume-Uni, du Qatar et des Émirats arabes unis. En outre, l’Arabie saoudite facilite un pont aérien pour l’acheminement des secours. L’Algérie, pays voisin, a également ouvert son espace aérien à l’aide humanitaire et au mouvement des personnes blessées. La Tunisie a envoyé du personnel médical, des chiens renifleurs, un drone et un hôpital de campagne.
Mais même si une aide bien plus importante a été proposée, le Maroc se retient. Par exemple, les États-Unis, la France, les Pays-Bas, la Turquie et Taiwan peuvent envoyer des équipes d’aide et de recherche. Cependant, le Maroc n’a pas encore formulé de demande d’aide internationale supplémentaire, et un pays n’enverra pas d’équipe sans demande officielle.
B-rapide
L’équipe B-Fast peut également partir immédiatement vers le Maroc, en cas de demande d’aide. « Il n’y a pas encore eu de demande. Si cela se produit, nous serons prêts», déclare Wouter Poels (porte-parole du SPF Affaires étrangères et Coopération au Développement). Il ne peut pas fournir de détails substantiels sur le choix du Maroc de ne pas admettre davantage d’équipes. “Nous respectons la souveraineté d’un pays dans ce genre de circonstances.”
L’explication du ministère marocain de l’Intérieur est qu’une aide d’urgence accrue pourrait avoir des conséquences négatives. “Les autorités marocaines ont soigneusement évalué les besoins sur le terrain”, a indiqué le ministère. « Un manque de coordination pourrait être contre-productif. » Le pays déploie actuellement principalement des équipes de secours locales dans les zones montagneuses reculées. Ils évaluent les dégâts et le type d’aide nécessaire via des drones et des hélicoptères.
Les autorités marocaines n’excluent pas que le pays accepte davantage d’aide dans un avenir proche. “Le Maroc ne refuse l’aide de personne, mais il veut d’abord identifier les besoins sur le terrain”, explique le politologue Fouad Gandoul. “Il s’agit d’un territoire très étendu et les autorités souhaitent déployer des équipes internationales de manière ciblée.”
Gandoul trouve cet arbitrage logique, mais : « C’est embêtant que ça aille trop lentement. Cela révèle un point sensible : les autorités centrales n’ont aucune idée des besoins du Maroc rural. Le gouvernement y est absent.
Il se demande aussi à quoi servent les équipes de secours après quelques jours. À partir du troisième jour, le nombre de morts après un tremblement de terre est généralement supérieur au nombre de survivants. La population des villages reculés se retrouve avec des corps sous les décombres. « Il existe alors une menace non seulement d’une crise humanitaire, mais aussi d’une crise sanitaire », prévient Gandoul.
Tremblement de terre en Turquie
Les efforts de secours contrastent fortement avec la réponse apportée au tremblement de terre survenu en Turquie en février. En un rien de temps Des secouristes du monde entier se sont ensuite rendus sur place. Mais les experts soulignent que le contexte des deux pays est incomparable. “La zone touchée au Maroc est beaucoup plus primitive que celle de Turquie”, explique Gandoul. « Si je peux le dire sans détour : si vous allez de Marrakech dans l’un de ces villages, vous passez de la modernité au Moyen Âge. »
La coordinatrice du projet 11.11.11, Shaymaa Mostafa, se trouve actuellement dans la ville turque de Gaziantep. Le Maroc peut-il apprendre quelque chose de la Turquie en matière de secours en cas de tremblement de terre ? « Une bonne coordination est importante », dit-elle. « Il est essentiel d’avoir des règles pour réglementer les interventions et les secours en cas de catastrophe, mais aussi de ne pas être trop bureaucratique à ce sujet. Cela s’est produit en Turquie et cela a empêché une assistance rapide.»
Elle souligne que les organisations locales ont parfois du mal à accepter l’aide internationale. « Également en raison des exigences imposées par leurs donateurs, par exemple en matière de paperasse. Pourtant, il est important que vous autorisiez les personnes ayant vécu des situations similaires. Le gouvernement turc n’a pas été très flexible à cet égard. Oui, il existe de bonnes organisations humanitaires locales, mais elles n’ont pas toujours une expérience spécifique en cas d’urgence.
Sur place
Les Nations Unies disposent désormais d’une équipe humanitaire au Maroc. Médecins sans frontières est également sur place avec seize collaborateurs venus de Belgique, de France, de Paris et d’Espagne. L’équipe évalue où une aide est nécessaire et à quoi ressemblent les structures médicales. Des consultations étroites ont lieu avec les autorités locales et le ministère de la Santé.
Pour l’instant, la Croix-Rouge de Belgique-Flandre s’engage à soutenir les travailleurs humanitaires locaux. Personne n’a encore voyagé de la Belgique au Maroc. « Nous offrons une aide financière. En outre, nous sommes prêts à proposer d’autres formes de soutien », déclare Sofie De Jaeger, responsable de la coopération internationale. L’organisation ne travaille qu’à la demande de l’association sœur locale, en l’occurrence le Croissant Rouge marocain.
Enfin, Fouad Gandoul critique le silence des autorités marocaines. « Ce qui doit arriver de toute urgence, c’est un discours du roi. Trois jours se sont écoulés et toujours aucune personnalité politique ne s’est exprimée. Si on ne donne pas espoir aux gens, le désespoir prend le dessus.»