Alfredo et Angela Lina, cette danse était prisonnière


Surnommé « l’Imbattable » parce qu’il était le plus titré de sa génération, le cycliste de Cittiglio a vécu la vie d’un « jeune homme » jusqu’à l’âge de 50 ans. Et puis cette fête…

il y a un temps pour tout, pour chaque geste, pour chaque décision. Et pas toujours, voire presque jamais, ce moment est le même pour tous. Prenons par exemple l’âge du mariage. Autrefois, les gens se mariaient à vingt ou vingt-cinq ans. Cela allait rarement au-delà. Mais maintenant, on se promet l’amour éternel quand on approche de la trentaine, ou même quand on l’a déjà dépassée. C’est l’effet de changements sociaux qui ont modifié les habitudes, les besoins et les comportements. Avant ou immédiatement après la guerre, c’est-à-dire la Seconde Guerre mondiale, les gens se rendaient tôt à l’autel. Très bientôt. Cela n’est cependant pas arrivé à un héros de cette époque : Alfredo Binda, qui a déclaré publiquement : « Jusqu’à cinquante ans, j’étais un jeune homme ». Où le terme « jeune homme » désignait un homme qui n’avait aucun engagement sentimental, qui allait d’ici à là, sans rien demander et sans rien promettre. Et puis? Oui, alors vient le moment de dire que c’est le bon moment, qu’il faut se poser, qu’il faut trouver un équilibre aux côtés d’une personne qu’on aime et avec qui on compte partager le même chemin. Et ce moment-là, pour Binda, arrivait juste au seuil de la cinquantaine. Désormais, tout le monde le considérait comme une cause perdue, ils n’essayaient même pas de lui montrer un chemin différent de celui qu’il avait lui-même décidé de suivre. Alfredo Binda a été le cycliste le plus fort de sa génération, et ici la définition est réductrice, dans le sens où elle enlève quelque chose à la figure légendaire qu’il a pu incarner après l’ère pionnière de Girardengo. La galerie de ses succès est impressionnante : 5 fois il a triomphé au Giro d’Italia, 3 fois au Championnat du Monde, 2 fois à Milan-Sanremo, 4 fois au Giro di Lombardia et quatre fois il est devenu champion d’Italie. De plus, en 1930, pour supériorité manifeste, il reçut une somme d’argent considérable de la part des organisateurs pour ne pas participer au Giro d’Italia. Il était tellement plus fort que ses adversaires qu’on lui a valu le surnom d’« Imbattable ». Né à Cittiglio, dans la province de Varèse, en 1902, dixième de quatorze enfants d’un petit entrepreneur, il s’installe à Nice où il apprend le métier de maçon. Et sur les routes de la Côte d’Azur, il se fascine tellement pour le vélo qu’il devient son compagnon de vie.



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