Personne n’a dépassé ce record. Photo d’Annie Leibovitz du dos de Bruce Springsteen en jean Levi’s, casquette de baseball dans la poche droite. Les rayures blanches et rouges pathétiques. L’orthographe « USA ». Et que le nom de Bruce Springsteen vient après le titre du disque et une barre oblique.

Puis les tambours et les fanfares de synthétiseur de « Born In The USA », une chanson poignante sur un vétéran vietnamien raté qui ressemble à un appel aux armes. Le E Street Band peut à peine marcher avec force. La réverbération sur la voix de Springsteen. Et pourquoi crie-t-il à la fin : « I’m a cool rocking daddy from the USA » ? Il sort de sa chanson.

Et puis le désir et la guitare perçante dans « Cover Me ». L’histoire de copain de « Darlington County ». Le rockabilly prolétarien « Working On The Highway ». Désespoir dans « Downbound Train »: « Les nuits pendant que je dors, j’entends ce sifflement gémir / Je sens son baiser sous la pluie brumeuse. » Le couteau qui traverse l’âme dans « I’m On Fire ». La chanson d’adieu « Bobby Jean », le glockenspiel et le solo de saxophone de Clarence Clemons : « On s’est dit qu’on était les plus fous/ …/ Maintenant, on est allé marcher sous la pluie/ Parler de la douleur qu’on cachait au monde . » La colère dans « I’m Going Down ». Contempler la futilité dans les Glory Days. La bravade de « Dancing In The Dark ». Le sentiment dans « Ma ville natale ».

Bien sûr, Bruce Springsteen a fait de meilleurs disques avant et depuis. Mais aucun avec sept singles à succès. Born In The USA est un disque élégiaque mais édifiant, une impossibilité. De nombreuses années plus tard, un admirateur improbable, Robert Forster, a écrit sur le « regret galeux » de ces chansons, qu’il a entendues en 1984.

Ces chansons sont la hache des sentiments que nous cachons au monde. Ce sont du pur rock’n’roll. Les jeans n’ont plus jamais été aussi beaux.

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