Affaire Shalabayeva, tous les accusés acquittés en appel


Les points clés

  • Changement de rythme en appel
  • Pignatone : « Pas de pression »
  • Le rapport de l’ONU

Tous acquittés. « Le fait n’existe pas » selon la Cour d’appel de Pérouse. Pour la police d’État, c’est une page historique. L’affaire Shalabayeva, en 2013, est dégonflée. Agents, fonctionnaires et gérants ont agi dans leurs fonctions : il n’y a pas eu de crime. Le très grave, surtout, de séquestration, auquel s’ajoutent les délits de faux : tous considérés comme ayant été commis au premier degré de jugement avec les condamnations afférentes de l’accusé pouvant aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement. Désormais pour les cadres Renato Cortese, Maurizio Improta, les policiers Francesco Stampacchia, Luca Armeni, Vincenzo Tramma, Stefano Leoni et la juge de paix Stefania Lavore, c’est la fin d’un cauchemar.

Un épilogue préfiguré
Au-delà des attentes des parties, après la condamnation en première instance du 14 octobre 2020, l’hypothèse d’un acquittement en deuxième instance courait depuis des mois, voire des années, dans les milieux bien informés. A cette époque, Cortese, Improta ainsi que les deux policiers Stampacchia et Armeni ont été condamnés à cinq ans de prison ; pour le juge de paix deux ans et six mois ; pour Leoni à trois ans et six mois d’emprisonnement tandis que pour Tramma à quatre ans. Des sanctions, il faut le dire, doublées par rapport aux exigences du procureur. Il s’agissait d’un « enlèvement d’État » selon le troisième collège présidé par Giuseppe Narducci dans les motifs de la peine. La prononciation a fait beaucoup de bruit. Mais il y avait déjà des signes de son renversement possible.

Le changement de rythme en appel
Malgré l’avis contraire du procureur général, en appel les défenses ont obtenu la réouverture de l’enquête. Ainsi parlaient dans la salle d’audience les magistrats impliqués dans l’affaire en 2013. L’ancien procureur général de Rome Giuseppe Pignatone, aujourd’hui président du Tribunal d’État de la Cité du Vatican, dans son témoignage devant le collège présidé par Paolo Micheli a expliqué qu’il n’avait jamais eu aucune pression de Renato Cortese et que le passeport montré par Alma Shalabayeva, épouse du Kazakh Muktar Ablyazov, « était manifestement faux ». La narration de l’histoire s’éclaire donc de nouvelles lumières. Ester Molinaro, l’avocat de Cortese, a observé lors du procès final: la condamnation au premier degré « était une page de profonde injustice ».

Le rapport de l’ONU sur le Kazakhstan
Le soleil 24 heures le 30 novembre 2021, à la veille du début du second degré, il divulgue un document significatif pour le procès. A tel point que le même article a ensuite été admis au compte rendu de l’audience d’appel. Au fond, un rapport des Nations unies avait vu le jour, présenté officiellement le 6 octobre 2015 à la Banque d’Italie en présence du gouverneur Ignazio Visco et des titulaires de la justice de l’époque, Andrea Orlando, et de l’Anac (Autorité nationale anti-corruption), Raffaele Canton . Le document fait état de l’activité de vérification, confiée par l’ONU au Kazakhstan et au Liechtenstein, sur la mise en œuvre en Italie des mêmes règles onusiennes en matière de lutte contre la corruption. Si l’état du continent russe n’avait pas été considéré comme démocratique, le rapport n’aurait pas pu lui être confié par l’ONU. Selon la défense, il s’agissait d’un tel profil que l’hypothèse d’une prétendue « déportation » menée par les policiers contre Alma Shalabayeva et sa fille a disparu. La sentence de Pérouse du 9 juin 2022 annule toutes les accusations de « déportation ».



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