Affaire Santoriello : pour des raisons d’opportunité, le procureur peut ne pas être dans la salle d’audience lors de l’audience préliminaire

Pas de mesures, mais le 27 mars les deux autres procureurs Bendoni et Gianoglio devraient être devant le juge d’instruction Picco pour étayer l’accusation contre le club et les 12 autres prévenus

Les chuchotements vont tous dans une seule direction. Le 27 mars, en audience préliminaire devant le juge d’instruction Marco Picco qui devra se prononcer sur la mise en examen de 12 désormais anciens dirigeants de la Juventus (et de l’entreprise pour responsabilité administrative), dont le président jusqu’en novembre dernier Andrea Agnelli, le procureur Ciro Santoriello ne sera pas là. Et non pas parce qu’une disposition l’interdira mais simplement pour des raisons d’opportunité. Les peines de 2019 sous la bannière de « soutenir Naples et je hais la Juve » prononcées en conférence n’invalident pas, c’est la condamnation du parquet, la justesse et la légitimité de l’enquête (même si la Juve pourrait demander la  » rémission »), mais il est clair qu’une situation embarrassante sur une question de football, matériau traditionnellement très inflammable, pourrait être évitée. D’autre part, il y a trois procureurs dans l’enquête Prisma et donc le parquet pour plaider la demande d’inculpation et donc le procès pénal sera exercé par Mario Bendoni et Marco Gianoglio. Le premier est également un fan de football et un joueur décent qui fait partie de l’équipe du procureur de Turin.

PRÉCÉDENT

Il est donc probable que Santoriello ne comparaîtra pas à l’audience même si ni le procureur ni le chef du parquet n’ont jusqu’à présent souhaité faire de déclarations. Naturellement, le droit même d’un magistrat à pouvoir avoir une équipe favorite n’est pas remis en cause. Le problème est la langue et les mots utilisés. Mais quelqu’un se souvient d’un autre discours d’un supporter déclaré de Naples, le procureur de la république de Pérouse (et dans le passé numéro 1 de l’Autorité anti-corruption) Raffaele Cantone, qui d’ailleurs avait eu affaire à la Juve lors de l’examen Suarez. Nous étions en 2018. Cantone a participé à une conférence à l’Université Suor Orsola Benincasa sur « le championnat de football et l’état de droit ». Et il a lancé une invitation à baisser d’un ton et à prendre le football avant tout comme un jeu : « Je suis un fan de Naples et un amoureux de cette belle ville. Je n’aime pas jouer avec d’autres équipes, je n’étais pas content quand La Juventus a encaissé contre la dernière minute contre le Real Madrid. Je suis fan des équipes italiennes quand elles jouent en coupe, j’aime le football en général. » Des tons et des mots résolument différents de ceux utilisés par Santoriello.

CRIMES

Mais revenons à l’enquête « Prisma ». Le procureur de la République de Turin accuse les délits de fausses communications d’entreprise, d’entrave à l’exercice des fonctions des autorités publiques de contrôle, de manipulation de marché et de déclaration frauduleuse par l’utilisation de factures ou d’autres documents pour des transactions inexistantes. La décision du Gup interviendra avant le prononcé du collège de garantie de Coni sur la peine choc de moins 15 ans prononcée par la Cour d’appel fédérale. Les deux justices, la justice ordinaire et la sportive, sont autonomes. A tel point que le coeur de la phrase sportive concerne la « déloyauté ». Mais il est inévitable que les deux « jeux » communiquent d’une certaine manière et que la résolution du dilemme inculpation/non-poursuite rebondisse aussi d’une manière ou d’une autre sur la table de la « Cassation des sports » du Collège de garantie.



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