Affaire climatique : un juge oblige les gouvernements flamand, bruxellois et belge à faire des efforts supplémentaires

Cela signifie que l’organisation à but non lucratif Climate Case a remporté une victoire finale après exactement neuf ans. L’asbl a lancé le « Dossier Climat » le 1er décembre 2014 et a saisi la justice en 2015 pour contraindre les autorités belges à respecter les promesses faites en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

En juin 2021, le tribunal de première instance francophone de Bruxelles a donné largement raison aux plaignants et a estimé que les gouvernements belges avaient fait preuve de négligence dans leur politique climatique et que la politique environnementale belge avait violé le devoir légal de diligence et de respect des droits de l’homme. droits. Cependant, ce tribunal n’a imposé aucune mesure de réduction des gaz à effet de serre à l’État belge et aux régions, c’est pourquoi Climate Case a fait appel. Une démarche risquée, car les initiateurs et leurs 58 000 co-demandeurs risquaient de tout perdre.

Cela ne s’est pas produit : le juge a donné raison à l’asbl. La Cour d’appel de Bruxelles a jugé que l’État belge, la Région flamande et la Région de Bruxelles-Capitale étaient bel et bien en faute. La Région wallonne a également été condamnée en première instance, mais selon la Cour d’appel, cette région a réalisé les progrès nécessaires en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

« La Cour juge que les trois gouvernements ont violé les articles 2 et 8 de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) et les articles 1382 et 1383 de l’ancien Code civil parce qu’ils n’avaient pas suffisamment réduit leurs émissions de gaz à effet de serre en 2020 », indique la presse. la magistrate Anne Leclerc. « Le tribunal estime également que cette erreur perdure aujourd’hui, car les gouvernements n’ont pas fixé d’objectifs suffisamment stricts et n’ont pas pris de mesures suffisamment ambitieuses pour limiter suffisamment les émissions d’ici 2030. »

Le tribunal ordonne désormais aux trois gouvernements de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030 par rapport à 1990. Le tribunal ne s’est toutefois pas encore prononcé sur la sanction demandée par l’organisation à but non lucratif Climate Case.

« Une nouvelle étape »

Greenpeace se dit « satisfaite » du « verdict sans précédent » de la Cour d’appel de Bruxelles. « Il est dommage qu’il ait fallu mener près de dix ans de litiges pour forcer nos décideurs politiques à se rendre à l’évidence », a déclaré le porte-parole Joeri Thijs dans une réponse. « Mais ce verdict marque une nouvelle étape dans la lutte de notre pays contre la crise climatique. »

« Le temps de jeu est désormais terminé », poursuit Thijs. « Depuis des années, les politiciens polarisent au lieu de s’entendre sur le thème du climat. Aujourd’hui, le ministre Demir a encore une fois saboté les négociateurs belges au sommet sur le climat », a déclaré le porte-parole de Greenpeace. Thijs fait référence au fait que le ministre flamand de l’Environnement et de l’Énergie, Zuhal Demir (N-VA), n’est pas d’accord avec une proposition de la position belge pour la COP28, la conférence de l’ONU sur le climat qui s’ouvre jeudi/aujourd’hui à Dubaï.

Contrairement au Premier ministre Alexander De Croo, à la ministre fédérale du Climat Zakia Khattabi, au ministre bruxellois du Climat Alain Maron, à la ministre fédérale de l’Énergie Tinne Van der Straeten et au ministre wallon du Climat et de l’Énergie Philippe Henry, le ministre Demir ne participera pas à la COP28.

« Mais dans une démocratie saine, le pouvoir judiciaire contrôle l’exécutif. C’est une bonne chose, les gouvernements ont un devoir de diligence et cela est clairement violé dans le dossier climatique », poursuit Thijs. « Tous les gouvernements doivent maintenant se mettre au travail avec cette décision de justice claire. Parce que tout le monde bénéficie d’une politique climatique ambitieuse et équitable.»



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