Adieu Superlega : la Juve en finit enfin avec le passé

De nouveaux dirigeants tournent la page : les procédures sur les plus-values ​​et les salaires de l’UEFA se dérouleront désormais dans un climat différent

Ce fut un voyage compliqué, douloureux, cahoteux. Controversé, surtout. Il a fallu deux ans, voire plus, et de nouveaux managers, venus de mondes sans rapport avec le football. Enfin, hier soir, la reddition a été signée : la Juve a contacté le Real et Barcelone – les autres rescapés – pour discuter de la sortie du club de la Juventus du projet Superlega. Un mauvais projet pour de nombreuses raisons, surtout parce qu’il repose sur des critères antisportifs : je participe au tournoi le plus riche du monde parce que c’est moi, si tu es meilleur et que tu finis devant moi en championnat ça ne compte pas, toi restez toujours dehors. Un coup de poing à la méritocratie, à la loyauté, à l’histoire. Une idée si malsaine qu’elle a été abandonnée en toute hâte par neuf clubs sur douze (l’Inter d’abord, Milan tout de suite après). La Gazzetta dello Sport l’a condamné et l’a combattu dès le premier jour, voire dès la première minute. Cependant, le fait que la Juve l’abandonne maintenant, bien que tardivement, n’est pas notre succès : le sport a tout simplement gagné.

Le signal

La décision de la nouvelle Juve de se retirer de la Superlega est le signe – un autre – d’une rupture avec le passé. C’est Andrea Agnelli qui s’est plongé dans ce projet aventureux, dont il n’a pas reculé même lorsqu’il est devenu clair pour tout le monde qu’il n’avait aucune perspective de succès. Le club de la Juventus, le Real, Barcelone : trois clubs contre le reste de l’Europe, seuls, comme s’ils vivaient dans un autre monde. La haute direction de la Juventus étant absente en raison des procès criminels et sportifs qui les impliquaient, leurs successeurs ont eu besoin de temps pour comprendre quelle était la bonne ligne à suivre. Ils ont pris leur temps, étudié une réalité qu’ils n’avaient jamais vécue de près (le nouvel établissement est composé d’économistes et de juristes plutôt que de sportifs). L’indication décisive est donc venue de John Elkann : ça suffit avec la Super League.

les conséquences

La décision de la Juve a également une implication politique. Le club de la Juventus a deux fronts ouverts avec l’Uefa : outre la Superlega, il y a la procédure pour plus-values ​​et manœuvres salariales (un chapitre qui vient de s’achever avec notre justice du sport à domicile avec dix points de pénalité et une amende). Le risque est que, sur le plan international, le club turinois soit exclu des coupes pour une ou plusieurs saisons ; le jugement est attendu dans quelques semaines. Même si les deux dossiers ne sont pas directement liés, car les instances appelées à les traiter sont différentes, il est clair qu’avoir de bonnes relations avec l’UEFA peut créer un meilleur climat autour de la Juve à Nyon. Ceferin s’attendait à ce que le club de la Juventus fasse un pas concret et public vers lui sur la Superlega, bref, il voulait que les nouveaux managers donnent un signal clair de discontinuité vis-à-vis de la direction d’Agnelli (par qui il s’est également senti trahi en raison de la personnalité relation qui le liait à lui). Maintenant que le déménagement de la Juve est arrivé, tout devrait être plus facile.

détente et menaces

Dans la note publiée hier, la Juve précise que le renoncement à la Superlega n’est pas dû « à de prétendues menaces d’éventuelles sanctions de la part de l’UEFA ». A22 Sports, qui gère le projet des trois clubs, affirme au contraire avoir la preuve de ces menaces. Une histoire très épineuse. Certes, la procédure contre le club de la Juventus pour plus-values ​​et manœuvres salariales se déroulera désormais dans une autre ambiance. Cela ne veut pas dire que la Juve ne sera pas condamnée et punie : il n’y a aucune certitude quant au verdict, évidemment. Mais il n’y aura même pas l’idée après coup qu’une éventuelle condamnation négative est due à des événements étrangers à ceux qui sont au centre du procès. Comme, par exemple, en Super League.



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