Accord de l’UE sur le plafond du prix du gaz, les objections néerlandaises sont rejetées


Après des mois de négociations, les pays de l’UE se sont mis d’accord sur un plafond européen des prix du gaz. Lundi, une grande majorité d’États membres ont soutenu un soi-disant «mécanisme de correction des prix» de 180 euros par mégawattheure. Ce prix est légèrement supérieur à celui actuellement payé sur le marché de gros, mais considérablement inférieur aux pics les plus élevés d’environ 300 euros par mégawattheure qui ont été atteints plus tôt cette année.

L’accord est difficile à avaler pour les Pays-Bas qui redoutent toujours les conséquences de cette mesure et se sont abstenus lors du vote lundi. Le ministre Rob Jetten (Energie, D66) s’est dit lundi dans une réponse « préoccupé » par « la perturbation potentielle du marché européen de l’énergie, les implications financières, et surtout, la sécurité d’approvisionnement de l’Europe ». Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a évoqué la « fin de la manipulation du marché russe ».

J’espère éviter les pics

Le plafonnement des prix vient en réponse aux prix exorbitants de l’énergie qui frappent durement les citoyens et les entreprises de toute l’Europe. En plafonnant les prix sur le marché de gros, l’UE espère éviter les pics parfois extraordinairement élevés de l’année écoulée. Cela devrait également réduire à terme les coûts énergétiques que les citoyens paient. Mais qu’elle ait cet effet reste incertain : les experts sont fortement divisés sur les conséquences de cette intervention assez radicale sur le marché. Comme aux Pays-Bas, les critiques craignent que les fournisseurs puissent simplement vendre leur gaz liquide ailleurs.

L’accord met un terme provisoire à une discussion européenne qui s’est intensifiée ces derniers mois, au cours de laquelle partisans et adversaires d’un plafonnement des prix s’étaient opposés. Ces dernières semaines, l’impasse a également signifié que d’importants projets d’achat en commun de gaz et d’approbation accélérée des permis d’énergie durable étaient également bloqués. Bien que tous les États membres de l’UE aient accepté cela, les partisans fanatiques d’un plafonnement des prix ont refusé de l’accepter formellement tant que le plafond n’était pas en place.

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Un accord a désormais été trouvé : si le prix du gaz sur la bourse TTF aux Pays-Bas est supérieur à 180 euros par mégawattheure pendant trois jours, il sera automatiquement plafonné. La différence avec le prix payé ailleurs pour le gaz liquéfié doit également être inférieure d’au moins 35 euros pendant ces trois jours. Ce prix maximum convenu est bien inférieur à celui proposé par la Commission européenne fin novembre : Bruxelles a fixé un plafond de 275 euros par mégawattheure. De plus, selon la Commission, ce prix élevé devrait être dépassé pendant une dizaine de jours. Ces conditions étaient si strictes que l’instrument ne serait jamais entré en vigueur l’année dernière. Plusieurs ministres ont qualifié cette proposition de « blague » fin novembre.

Bruxelles surveillera

Le commissaire européen Kadri Simson a souligné lundi que la Commission surveillerait attentivement les effets du plafond des prix désormais convenu. Si les superviseurs concluent que les risques de la mesure sont ou deviennent trop importants, Bruxelles interviendra, dit Simson.

La discussion sur un plafonnement des prix du gaz a fait rage en Europe ces derniers mois. Un groupe d’États membres réclame depuis longtemps un nouvel instrument pour intervenir sur le marché si les prix du gaz augmentent de manière excessive. L’Espagne, la Belgique, la Pologne et la Grèce en particulier étaient de fervents partisans de cette idée. Mais l’Allemagne et les Pays-Bas, entre autres, n’étaient pas favorables à une telle intervention sur le marché. Selon eux, les risques liés à la maximisation du prix du gaz sont grands, notamment pour la sécurité d’approvisionnement et la stabilité financière.

La Commission a également constamment souligné les risques d’intervention sur le marché. Mais sous une forte pression, un accord a maintenant été conclu, que même l’Allemagne pourrait accepter. Pourtant, il est frappant de constater qu’une décision a finalement été prise sans consensus, ce qui est inhabituel pour des décisions d’une telle portée. Outre les Pays-Bas, l’Autriche s’est également abstenue de voter. La Hongrie a voté contre. Le plafond désormais convenu s’appliquera à partir du 15 février.



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