A propos de la conférence de presse de Conner Rousseau : une personne ivre ne sort pas ce qui n’est pas là quand elle est sobre

Bart Eeckhout est le principal commentateur de Le matin. Il a regardé la conférence de presse au cours de laquelle le président du Vooruit, Conner Rousseau, a expliqué ses prétendues déclarations racistes. « D’un point de vue moral, l’affaire laisse un mauvais goût dans la bouche. »

Bart Eeckhout

D’abord un aveu. Je suis un très grand fan de football. Je ne rate aucun match à domicile de mon équipe préférée. Cela implique parfois de la bière. Mais jamais – jamais, jamais, dans aucun État, je ne participe à des chants racistes ou homophobes. Appelez cela une norme minimale de décence. Et cela dit en fait tout ce que j’ai à dire sur l’affaire dans laquelle se trouve à nouveau le président du Vooruit, Conner Rousseau.

Après un interrogatoire, Conner Rousseau s’est excusé du traitement raciste infligé à la communauté rom lors d’une soirée arrosée à Saint-Nicolas. Il a suggéré aux policiers d’utiliser des surmatelas, car c’est le seul respect qu’ils comprendraient. Il y a encore un débat quant à savoir s’il a également qualifié les Roms d’« hommes bruns ». Mais bien sûr, il s’agissait d’une conversation amicale et plaisante lors d’une conversation ivre. Et Rousseau aime ajouter qu’il y a un contexte de nuisance et d’intimidation.

Décence : il est quasiment interdit d’en parler en politique. Ça pue les scélérats de la décence et les croisés de la morale, toujours prêts à monter sur le cheval de l’indignation. Eh bien, je veux toujours parler de décence. Le minimum de décence pour être leader d’un parti progressiste de gauche en Flandre. D’un point de vue pénal, le dossier Rousseau semble bien mince. Mais d’un point de vue moral, l’affaire laisse un mauvais goût dans la bouche.

Un président de parti n’est pas un ministre. La question de savoir si Conner Rousseau peut continuer à fonctionner n’est pas un sujet de vaste débat social. C’est une question pour les membres du Vooruit. Ces derniers jours, la tête du parti (et peut-être aussi la base) s’est rassemblée en phalange autour du leader. Ils n’ont pas le choix. Le parti a lié son destin à un jeune homme politique à la fois populaire, tactiquement ingénieux, idéologiquement agile et obsédé par la politique de l’ego. Il s’avère que c’est tout à fait risqué.

Le prix que paient les progressistes flamands est élevé. Avec quelle autorité peut-on encore combattre la xénophobie politique, maintenant que le président des socialistes a reçu un « farceur » à jouer ? Est-ce que parler de « population » est bien pire que de « matracker les Roms » ? Quiconque prétend que ce n’est qu’une plaisanterie n’a jamais parlé aux nombreux hommes et femmes « bruns » de ce pays qui reçoivent chaque jour des malédictions, des menaces et du rejet. Peut-être que les critiques avaient raison lorsqu’ils ont identifié un problème avec la même déclaration de Conner Rousseau selon laquelle il ne se sentait « pas en Belgique » à Molenbeek ?

Le prix est également payé par les progressistes qui affirment désormais que la censure anticonstitutionnelle est acceptable, à condition qu’elle soit « notre » censure anticonstitutionnelle. Le prix est payé par les progressistes qui expliquent désormais qu’un petit privilège dans les relations avec la police et la justice est acceptable, à condition que ce soit « notre » privilège.

Selon Rousseau, les propos qu’il a tenus sont en contradiction avec son engagement et sa carrière. Je voudrais contredire cela avec le vieux dicton flamand selon lequel une personne ivre ne réalise pas ce qu’elle ne pense pas lorsqu’elle est sobre.



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