Le fonds intéressé par l’achat apprécie la gestion actuelle mais souhaite se développer en Europe. Alhardi pourrait avoir un rôle dans le club. À des fins exclusives ou à l’intérieur ou à l’extérieur: il n’y aura pas d’extensions dans la confrontation entre Elliott et les investisseurs arabes

La négociation se fait aussi sur les réseaux sociaux : alors qu’Elliott et Investcorp négocient les conditions du transfert de propriété de Milan, il est possible de suivre son évolution sur Twitter. En début d’après-midi d’hier, le compte rendu officiel de l’ambassade de Bahreïn au Royaume-Uni s’adressait aux milliers de followers comme suit : « Le fonds d’investissement Investcorp a entamé une négociation exclusive pour l’achat de Milan pour 1,1 milliard de dollars. Investcorp a été fondé en 1982 , offre un portefeuille d’investissement véritablement mondial et diversifié et gère plus de 42 milliards de dollars d’actifs dans le monde.  » Un profil institutionnel qui tague Investcorp et y appose l’image du logo Rossoneri : un message explicite, qui officialise en fait le deal en cours même s’il est retiré plus tard dans la soirée. Toujours par tweet, samedi matin, le président exécutif de la caisse intéressé à reprendre les parts du club s’était présenté aux supporters (enthousiastes) : félicitations à l’équipe qui grâce à la victoire sur Gênes venait de reprendre la tête du classement classement et a ensuite ajouté de bons voeux de Joyeuses Pâques au club et à ses fans. Pour conclure avec un hashtag qui laissait peu de place à l’interprétation, SemperMilan.

AMBITIONS

Une stratégie de communication qui révèle toute la motivation du fonds et de son top Alardhi pour tenter d’inscrire Milan dans leur patrimoine. Un choix, de se révéler au monde, différent de la confidentialité avec laquelle Elliott avait pris les commandes du club puis gouverné l’entreprise de l’été 2018 à aujourd’hui. En revanche, ce que les deux fonds ont en commun, c’est la gestion des propriétés : Elliott a reconstruit et relancé les ambitions des Rossoneri, tant dans le domaine sportif que commercial. Il a renvoyé l’équipe en Ligue des champions, a considérablement réduit le passif du bilan et a en même temps augmenté les revenus de manière exponentielle. Une logique disciplinée qui a fini par attirer Investcorp : une combinaison technique et financière similaire fait de Milan non seulement un attrait pour les grands investisseurs internationaux, mais aussi un exemple plus unique que rare de club vertueux sur et en dehors du terrain.

ORGANIGRAMME

Investcorp veut ajouter un autre morceau à cette solidité retrouvée : il ne suffit pas d’avoir retrouvé le sommet de la Serie A, l’objectif ambitieux de toute nouvelle propriété serait de faire la même ascension en Europe. Ne plus réapparaître en Ligue des champions, mais participer en tant que protagonistes. Une ambition justifiée par l’investissement potentiel d’un milliard d’euros. Et projet en phase avec les aspirations de Mohammed Bin Mahfoodh Alardhi. A la tête d’Investcorp depuis 2015, il avait annoncé (et atteint) l’objectif de doubler les actifs sous gestion du fonds. Une résolution renouvelée : le fonds avec sa base principale à Bahreïn puis établi avec des bureaux et des agences partout dans le monde, veut se développer davantage. Raison pour laquelle il se tourne vers l’Italie et pour la première fois vers le football. Il est encore trop tôt pour dire si Alardhi aura un rôle opérationnel au sein du club : si ce n’est pas lui, il y aura ses hommes de confiance. Au contraire, Ivan Gazidis, qui est à l’AC Milan depuis 2018 et un manager lié à Elliott par un respect mutuel encore plus daté, pourrait choisir de prendre du recul.

DEDANS OU DEHORS

Les délais sont beaucoup plus courts en ce qui concerne le développement des négociations entre les deux fonds : il reste environ quelques semaines d’exclusivité, une période pendant laquelle Investcorp conclura également la due diligence, l’analyse des comptes Rossoneri. Toujours grâce à la politique de pérennité économique d’Elliott et à la transparence d’un budget de plus en plus soigné, c’est une opération qui prendra un peu plus de temps. Au bout des quinze jours il est peu probable que du temps supplémentaire soit pris : pas de prolongation, ce sera déjà l’intérieur ou l’extérieur. Le derby de ce soir pourrait être le dernier avec Elliott aux commandes, pour remettre le club à Investcorp. Les signatures et les annonces suivraient. Un seul tweet ne suffirait pas.



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