La baisse du taux de change du shekel pose un dilemme à la banque centrale israélienne


La spéculation contre le shekel, la monnaie d’Israël née de la guerre, a considérablement augmenté ces dernières semaines. C’est la conclusion de la Deutsche Bank dans une étude où les Temps Financier en parle jeudi. Le nombre de « positions courtes », comme on appelle les spéculations sur une baisse, est à son plus haut niveau depuis janvier 2022 et a augmenté ces dernières semaines plus que toute autre devise suivie par Deutsche Bank, bien que la banque n’ait pas partagé de chiffres précis.

Spéculer sur une baisse de la monnaie est essentiellement une tentative de profiter des préoccupations économiques d’un pays, ce qui n’est pas inhabituel sur les marchés des changes. De nombreux commerçants soupçonnent que la monnaie israélienne va chuter encore plus qu’elle ne l’a déjà fait au cours des deux dernières semaines. Peu après le déclenchement du conflit entre le Hamas et Israël, la monnaie a chuté de 4,8 pour cent par rapport au dollar américain, en raison des inquiétudes concernant l’impact de la guerre sur l’économie israélienne, atteignant son plus bas niveau depuis près d’une décennie. Concrètement, cela signifie que les produits étrangers deviennent plus chers pour Israël.

Les spéculations sur la baisse du shekel touchent à un dilemme important pour la banque centrale israélienne depuis le début du conflit. Doit-elle maintenir la monnaie ou stimuler l’économie en abaissant les taux d’intérêt ? Les deux ne peuvent pas aller ensemble.

Immédiatement après l’attaque du Hamas du 7 octobre, la banque centrale a annoncé qu’elle souhaitait vendre 30 milliards de dollars de réserves pour consolider la monnaie. Il coulait rapidement. L’intervention semble avoir eu un certain effet : la baisse par rapport au dollar depuis le début du conflit a été réduite à 3,8 pour cent. Toutefois, cela pourrait encore avoir un effet majeur sur les niveaux des prix intérieurs à long terme.

Dans le même temps, la pression s’accentue sur la banque centrale pour qu’elle abaisse les taux d’intérêt (actuellement 4,75 %) afin de stimuler l’économie. Cela affaiblirait en fait la monnaie. Une décision sur les taux d’intérêt est prévue lundi prochain. Les marchés semblent prendre en compte une baisse pour le moment : ils évaluent actuellement en fonction du Temps Financier une baisse des taux d’intérêt de 0,2 point de pourcentage.

Les coûts de la guerre jouent également un rôle. Les analystes de Citibank ont ​​également recommandé le shekel cette semaine court-circuit: ils s’attendent à ce que les coûts de la guerre puissent conduire à une pression croissante sur la banque pour qu’elle abaisse les taux d’intérêt. Le gouvernement israélien pourra alors emprunter de l’argent à moindre coût. Plus le conflit dure longtemps, plus cette situation risque de se produire. Cela s’applique également à une éventuelle extension de la guerre à la frontière nord d’Israël, si le Hezbollah intervient plus activement dans la bataille depuis le Liban.

Préférence pour une monnaie stable

Plus de clarté sera disponible lundi sur la voie que la banque choisira lorsqu’elle devra prendre une décision en matière de taux d’intérêt. Jusqu’à présent, il semble que la banque centrale préfère une monnaie stable pour éviter l’inflation. Mardi, le vice-gouverneur Andrew Abir a déclaré que la stabilité monétaire serait une priorité dans le conflit, après quoi les marchés ont immédiatement intégré une moindre baisse des taux d’intérêt : celui-ci était initialement de 0,5 point de pourcentage, puis est tombé à 0,2.

Quoi qu’il en soit, Israël dispose de réserves considérables de devises étrangères, qu’il peut théoriquement vendre pendant longtemps pour soutenir la valeur du shekel. Selon le FT, cela représente plus de 200 milliards de dollars dans diverses devises. Si Israël les vend contre des shekels, les shekels sont retirés du marché et la valeur de la monnaie reste stable. Cela permettra probablement d’éviter dans une large mesure une crise monétaire majeure, a déclaré au journal économique britannique Simon Harvey, analyste des devises chez Monex Europe. 200 milliards de dollars, c’est plus de deux ans d’importations israéliennes totales.

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De plus, le shekel connaissait déjà une année très mauvaise, même avant la guerre. Avant le 7 octobre, la monnaie était déjà inférieure de plus de 10 pour cent par rapport au dollar par rapport au début de l’année. Cela a tout à voir avec les réformes juridiques controversées que le gouvernement très à droite du président Netanyahu voulait mettre en œuvre : celles-ci sapaient depuis des mois la confiance des investisseurs en Israël, ce contre quoi la banque centrale avait déjà mis en garde en mai.



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