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Jamais depuis 1948, année de sa fondation, Israël n’avait subi une attaque aussi effrontée et sanglante à l’intérieur de ses propres frontières. L’attaque surprise du Hamas a consisté en des attaques terrestres, maritimes et aériennes, et a révélé un échec retentissant des services de renseignement des forces de sécurité israéliennes. Dimanche, Israël a déclaré que plus de 600 de ses civils étaient morts ; Les autorités palestiniennes ont déclaré qu’au moins 370 personnes avaient été tuées à Gaza. L’enlèvement à Gaza de plus de 100 otages israéliens constitue un traumatisme national. Cela complique également considérablement les options du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui affirme que son pays est confronté à une « guerre longue et difficile ». Il s’agit d’un conflit comme Israël n’en a jamais connu depuis des générations – un conflit qui soulève le spectre effrayant d’une conflagration régionale plus large.
Les images de corps dans les rues, de meurtres de type exécution et d’Israéliens en fuite emmenés par le Hamas ont, à juste titre, été accueillis avec horreur et condamnation dans le monde entier. Israël a parfaitement le droit de se défendre. Il sera tenté de répondre avec la force maximale dans le but de porter un coup fatal au groupe militant, d’envoyer un message à tous ses ennemis et d’assurer le retour de ses citoyens. Netanyahu sera également pressé par les extrémistes d’extrême droite qu’il a intégrés dans sa coalition gouvernementale d’adopter une ligne dure.
Pourtant, ce n’est pas une coïncidence si l’échec des services de renseignement que constitue cette attaque s’est produit alors que le gouvernement divisait la société israélienne avec des réformes judiciaires controversées. Pour la sécurité d’Israël, le Premier ministre ferait bien de tenir compte des appels à former un gouvernement d’unité nationale et de remplacer les extrémistes par des voix plus sobres.
Quoi qu’il en soit, l’histoire du conflit israélo-palestinien montre que la violence engendre la violence. Le Premier ministre doit être calibré dans sa réponse et limiter ses représailles aux cibles militaires à Gaza, aussi difficiles soient-elles dans cette bande densément peuplée qui a longtemps été bloquée par Israël et l’Égypte. Un conflit plus large qui servirait les extrémistes de tous bords mettrait en péril la stabilité au Moyen-Orient.
L’entrée du Hezbollah menacerait une escalade incontrôlée. Le groupe militant au Liban soutenu par l’Iran possède une capacité de missiles et de roquettes bien supérieure à celle du Hamas, et Israël aurait du mal à contenir les conflits sur plusieurs fronts. La Cisjordanie vit déjà dangereusement depuis plus d’un an alors que le territoire occupé subit ses pires violences depuis des années avec des raids israéliens presque quotidiens.
Les États-Unis et les États de la région ayant des contacts avec le Hamas, notamment l’Égypte et le Qatar, doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre fin à la violence et libérer les otages israéliens. Mais l’attention internationale doit être recentrée de toute urgence sur le conflit israélo-palestinien prolongé, qui a depuis longtemps disparu de la liste des priorités.
Washington a intensifié ses efforts pour parvenir à un accord permettant à l’Arabie saoudite de normaliser ses relations avec Israël. Cette poussée, qui ne manquera pas de marginaliser davantage les Palestiniens, pourrait en partie avoir motivé l’attaque du Hamas, même si son ampleur et sa sophistication suggèrent qu’elle était préparée depuis des mois, voire des années.
Ce que cet assaut souligne, c’est que, malgré tous les efforts visant à normaliser les liens des États arabes avec Israël, la région ne peut assurer la paix que si la demande palestinienne d’un État viable, vieille de plusieurs décennies, est répondue avec une intention sérieuse. Depuis que le Hamas a pris le contrôle de Gaza, Israël a déployé sa puissance dans au moins quatre guerres contre le groupe, provoquant la dévastation des 2 millions d’habitants de la bande.
À chaque fois, le Hamas a revendiqué une victoire en portant un coup contre une force bien plus puissante, a pansé ses blessures et a commencé à se reconstruire en vue du prochain conflit. La force seule ne parviendra pas à éteindre cette menace. Tant que le conflit palestino-israélien ne sera pas résolu, les conditions resteront réunies pour donner naissance à la prochaine génération de militants extrémistes.