Un médicament supplémentaire, une consultation chez un autre spécialiste ou un examen complémentaire, même si le diagnostic est désormais certain, et peut-être une hospitalisation au lieu d’une intervention ambulatoire. Pour de nombreux médecins, la prudence n’est jamais suffisante et, en termes de santé, elle est également justifiée, mais si les prescriptions vont bien au-delà des directives et des pratiques cliniques définies, on risque de se retrouver dans une médecine dite défensive, un phénomène qui a a explosé au fil des années en raison de la crainte des médecins de se heurter à un procès avec demande d’indemnisation.
La médecine défensive – définie comme un excédent de dépenses non lié à des fins thérapeutiques mais à la réduction des risques de contentieux – valait environ 10 milliards, selon une étude d’Agenas il y a quelques années. Aujourd’hui, le phénomène s’est également accru – on l’estime à plus de 11 milliards (environ 10% des dépenses de santé) – au point de convaincre le gouvernement d’intervenir: le ministre de la Justice Carlo Nordio, en accord avec son collègue de la Santé Schillaci, a créé en avril dernier une commission d’experts sur les négligences médicales pour endiguer le flot de procès et de plaintes qui, entre autres, dans la grande majorité des cas (97 %) n’aboutissent à rien. «Aujourd’hui, le médecin, en Italie, en Pologne et en Belgique, les trois seuls Etats au monde, est soumis à 4 tribunaux – administratif, professionnel, civil et pénal – pour sa responsabilité professionnelle. En dépénalisant l’acte médical, en libérant le médecin d’un signalement facile, tous les examens et prestations effectués uniquement à des fins défensives seraient par conséquent réduits. Des coûts estimés à 11 milliards. En plus d’être préjudiciable aux patients en termes d’allongement des listes d’attente”, explique Pierino Di Silverio, secrétaire d’Anaao Asssomed, le principal syndicat des médecins hospitaliers, qui en mouvement invite le gouvernement à trouver des ressources pour la santé en taxant les jeux en ligne ou en augmentant les accises. taxes sur le tabac. Même pour Giovanni Migliore, président de Fiaso (les gestionnaires des autorités sanitaires locales et des hôpitaux), il faut davantage de fonds mais surtout « intervenir sur les règles de fonctionnement du système, en renforçant et en restaurant ce périmètre de gestion managériale aux entreprises de santé ». Un “changement de direction” pour le NHS, comme le titre de l’événement qui se tiendra à Rome du 8 au 10 novembre pour le 25e anniversaire de Fiaso.