La cuisinière de la garderie va-t-elle bientôt aussi changer de couche-culotte ? « On s’attend à ce qu’ils assument également des tâches avec les enfants. Cela ne peut pas être l’intention’

Le gouvernement réduit le nombre d’enfants par superviseur dans la garderie et embauche du personnel supplémentaire pour faire la lessive ou préparer la nourriture. Mais sur le papier, ils seront considérés comme des éducateurs. Cela menace de créer des situations dangereuses.

Stavros Kelepouris

La crèche a poussé un ouf de soulagement ces derniers jours. Le gouvernement flamand augmente le budget annuel de 270 millions d’euros – pas assez pour éliminer tous les problèmes, mais un début indispensable pour sortir de la crise du secteur.

Il y a eu un soulagement particulier grâce à deux interventions que le secteur réclamait depuis longtemps. Premièrement : réduire ce que l’on appelle le ratio d’enfants, c’est-à-dire le nombre d’enfants par superviseur. Aujourd’hui, les conseillers peuvent avoir chacun huit, voire neuf enfants, à leur charge. Ce chiffre sera réduit à un sur sept, avec une période de transition de trois ans. Les subventions aux garderies seront augmentées pour compenser la perte de revenus.

Deuxièmement : la crèche aura la possibilité d’embaucher du personnel logistique pour cuisiner, laver, nettoyer, etc. Cela devrait réduire la charge de travail des éducateurs et leur donner plus de temps à consacrer aux enfants. Cette solution provisoire a été imaginée pour répondre à la pénurie importante de puéricultrices.

Mathématiques créatives

Pendant la période de transition de trois ans, ces employés seront inclus dans le ratio enfants. En d’autres termes, ils seront considérés comme s’ils s’occupent des enfants, même s’ils n’y sont explicitement pas autorisés. Après tout, ils ne sont pas formés pour ça. Selon la ministre compétente Hilde Crevits (CD&V), cela est important pour le financement : sur le papier, le nombre d’enfants dans les crèches va diminuer, ce qui signifie qu’ils ont droit à des subventions accrues.

Le diable est dans les détails. Ces mathématiques créatives menacent d’ouvrir involontairement la porte à toutes sortes de situations indésirables. Dans une garderie où il n’y a pas suffisamment de surveillants pour cause de maladie, un certain nombre d’enfants doivent en principe rester à la maison. Mais avec un employé de la logistique, il n’y a plus de problème sur le papier, même s’il n’est pas autorisé à s’occuper des enfants et que la charge de travail des autres superviseurs augmente donc considérablement.

« Et avouons-le, il faut s’attendre à ce que ces employés assument également des tâches auprès des enfants. Cela ne peut vraiment pas être l’intention», déclare le professeur de pédagogie familiale Michel Vandenbroeck (UGent), qui fait partie du groupe d’experts chargé d’aider à gérer la crise de la garde d’enfants.

Supprimer des lieux ?

On ne sait pas non plus ce qui se passera dans trois ans, lorsque les dispositions transitoires expireront. En principe, les employés de la logistique ne sont alors plus pris en compte dans le ratio enfants. Si aucune puéricultrice supplémentaire n’a été trouvée, la crèche doit en principe supprimer des places pour ne laisser que sept enfants par surveillante. Il y a alors un risque que des places soient à nouveau perdues.

Selon le ministre Crevits, cette situation n’est que temporaire, pour répondre aux besoins majeurs du secteur. Elle espère qu’au moins une partie du personnel logistique suivra une formation pour se reconvertir en puériculture. Selon sa porte-parole, il est trop tôt pour prévoir les modalités exactes. Ceci est encore en cours d’élaboration pour le moment.



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