Ralphie Choo / Supernova


Le collectif multidisciplinaire RussiaIDK est la meilleure chose qui soit arrivée à Madrid depuis longtemps. C’est dans cette ville sociologiquement compliquée, parfois apparemment intéressée par la pop culture et parfois pas, que naissent déjà des noms fondamentaux pour l’underground national comme Rusowsky, DRUMMIE, TRISTAN ! ou est mort. Ralphie Choo est le premier à sortir un premier album à grande échelle, même sous licence Warner Music pour la distribution.

Le projet de Juan Casado Fisac, qui a réalisé son petit viral avec cette merveille appelée « Dolores » Partagée avec Rusowsky, elle est déjà apparue dans des médias internationaux tels que Billboard ou Pitchfork ; Il a eu votre séance COULEURS, que si peu d’artistes de notre pays ont atteint ; et a réalisé des collaborations internationales comme celles qu’on entend dans ce ‘SUPERNOVA’ avec Mura Masa ou le duo de rappeurs américains Paris Texas.

Ralphie Choo est né en 2000, ce qui signifie qu’il a 23 ans. De la capitale, il part vivre avec sa mère à Daimiel (Castille La Manche), lui transmettant sa passion pour la musique classique, Paco de Lucía et Camarón de la Isla. Juan revient à la capitale pour étudier l’ingénierie, à une époque où serait imprégné de noms plus modernes comme Tyler the Creator et Aphex Twin. Ses études de cor et son amour pour la production musicale moderne le marqueront, surtout lorsqu’une déchirure du ligament croisé antérieur le laissa immobilisé pendant plusieurs semaines et que la musique devint pour lui un exutoire créatif.

La demi-douzaine de singles qui nous ont conduits à « SUPERNOVA » représentent le son de quelqu’un qui n’est pas capable de rester longtemps immobile au même endroit. ‘BULERÍAS DE UN CABALLO MALO’, l’une des 10 meilleures chansons de 2022, présente l’agitation de Rosalía à mi-chemin entre ‘Malamente’ et ‘Motomami’ (fais attention à ça). Il y a les palmas des bulerías et le rythme, mais il y a aussi des harpes qui ne sont même pas Björk et des voix schtroumpfées pour les chœurs.

Tout aussi agréables sont « GATA » et « MÁQUINA CULONA », ce dernier étant un véritable défi créatif pour le grand QLONA du moment, Karol G. Et pourtant, quelle grosse erreur ce serait de considérer n’importe laquelle de ces chansons comme quelques reggaetones de plus. . Comme dans presque tout l’album, le piano est un instrument fondamental dans le premier, un nouveau duo avec Rusowsky, et encore avec un crochet colossal : « trouve-toi un chat qui t’aime, qui t’embrasse tous les soirs avec de la bave ». Dans le second, le Mura Masa featuring dont je n’avais pas vraiment besoin, comprend des cordes, des basses, des vents et des accordéons qui le placent en un point indéterminé dans… l’Argentine, le Brésil, la Colombie, Cuba ?

La musique de Ralphie Choo ne se situe à aucun point précis de la carte, embrassant plusieurs styles au sein d’un même morceau, ce qui n’échappe pas aux Etats-Unis de la trap et du rap américain. Paris Texas apparaît au milieu des sons jungle de ‘WHIPREAM’ et Kanye West doit être une référence vers la fin de l’album, par exemple dans la chanson titre.

La force de ces chansons et aussi de ‘VOYCONTODO’, avec une euphorie que même Passion Pit, peut quelque peu obscurcir le fond de l’album, parfois composé de simples intros et intermèdes qui mettent simplement en valeur ce qui vient immédiatement avant ou immédiatement après. C’est le cas de « BÓ », des improvisations au piano pendant qu’un enfant – ou quelque chose produit pour sonner comme tel – babille. Mais il ne faut pas enlever la beauté lounge et bossa nova des 2 premiers titres de l’album : on ne les retrouve pas si facilement dans la pop actuelle. ‘BESO BRUMA’ pourrait être un autre petit hit dans le futur, avec ses claquements de mains et ses touches synth-pop en fond sonore. Et ‘TOTAL90NOSTALGIA’, Dieu merci ou qui que ce soit, ne présente pas un autre sample insupportable des années 90, mais est plutôt un retour en enfance grâce à une jolie petite boîte à musique.

Et en plus, ‘SUPERNOVA’ est un album passionné qui permet de connaître un peu Ralphie Choo à travers des paroles généralement simplement esquissées par des couplets libres et concis. Il y a du chagrin et du sexe, comme dans presque tous les albums pop, mais « Juan Salvador Gaviota » tire son nom d’un roman sur une mouette qui apprend à voler et à survivre, « NHF » nous parle de solitude, « TOTAL90NOSTALGIA » rappelle un « Un garçon avec un rêve, un sentiment pur » et « SUPERNOVA » avec Abhir Hathi appelle à des somnifères. Il y a une mélancolie dans les mélodies, l’instrumentation, une certaine sensibilité, qui rapproche Ralphie Choo un peu plus du jazz que du jazz moderne de l’époque.



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