«Marine Le Pen représente l’Europe que nous voulons». C’est ce qu’a exprimé le leader de la Ligue, Matteo Salvini, à Pontida, lors de l’initiative organisée par la Ligue de la Jeunesse à la veille du rassemblement du parti, où il a invité le leader français. Depuis quelques jours, attaqué, notamment depuis Bruxelles, réputée “aveugle et sourde” par rapport à Rome, Matteo Salvini se prépare à l’attaque. Contre cette Europe « distraite, complice et inutile », contre les débarquements de migrants qui ne s’arrêtent pas et pour invoquer les « remèdes extrêmes » auxquels il faut recourir après ce qui est considéré comme un véritable échec des voies diplomatiques. Une attaque qui risque surtout de se transformer en tirs amis contre les alliés du gouvernement.
L’arrivée de Marine Le Pen
L’arène choisie sera la scène de Pontida dimanche, où le secrétaire de la Ligue tentera de réchauffer son peuple, soutenu pour la première fois par le invités spéciaux Marine Le Pen, entendue aujourd’hui par visioconférence après l’audience du procès Open Arms à Palerme. Là, il débutera effectivement la course aux élections européennes de juin, lui qui la dernière fois – c’était en 2019 – a atteint le sommet de 34% à Strasbourg et maintenant la crainte la plus pessimiste de ne pas atteindre 10.
Distances (augmentées) entre alliés
De la même prairie de la région de Bergame qui renouvelle depuis 30 ans le “rituel” du Pô en accueillant le rassemblement de la Ligue, et fidèle à la promesse faite l’année dernière une semaine avant le vote (»Giorgia, Silvio et moi gouvernerons bien et ensemble depuis 5 ans» ), Salvini va désormais également envoyer un message à ses coéquipiers du gouvernement. Plus ou moins explicite. Un mémorial ad hoc est prévu pour Silvio Berlusconi, décédé en juin, ainsi que pour Roberto Maroni. Mais le front le plus brûlant est politique. Par ailleurs, les distances entre alliés se creusent depuis des semaines (notamment avec Antonio Tajani). Et depuis des jours, le ton est monté. A commencer par le respect demandé à plusieurs reprises à FI et FdI pour le choix d’inviter le leader du souverainisme français à Pontida (ce n’est peut-être pas un hasard si cette année le slogan de l’événement sera “Pour la défense des libertés”). Et plus encore de vouloir rester son allié en Europe, sachant pertinemment à quel point le nom de Le Pen divise. Même au sein de la Ligue, avec des absences menacées à voix basse parmi les membres de la Ligue vénitienne du Nord. Des prémisses qui nous amènent à déduire que l’ancien “Capitaine” peut désormais élever son niveau, en profitant du terrain favorable, à savoir Pontida où, selon la tradition, les communes de la Ligue Lombarde ont juré contre l’envahisseur Federico Barbarossa.
Accusations contre l’exécutif concernant les immigrés illégaux
L’accusation indirecte contre l’exécutif de Meloni semble être celle de ne pas en avoir fait assez, comme le laisse entendre le membre de la Ligue du Nord en rappelant que lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, les irréguliers qui arrivaient “étaient moins d’un dixième” d’aujourd’hui. Aucun commentaire de la part des Meloniens, seuls certains se sont limités à dire qu’ils s’y attendaient, compte tenu du climat de campagne quasi électorale. Au lieu de cela, un véritable membre de la Ligue du Nord comme Roberto Calderoli se joint aux accusations de Salvini. Le ministre et père de la réforme de l’autonomie – qui sera certainement récupérée dimanche, bien plus que le pont sur le détroit difficile à digérer pour les militants du nord – souligne à quel point l’arrivée de 127 mille immigrés depuis janvier est “une invasion” avec “une direction” (même thèse que le secrétaire). Et qui sait si les assurances de Tajani depuis la Farnesina suffiront à la Ligue : « Il faut avancer dans les rapatriements. L’Europe ne peut pas faire comme si de rien n’était et je suis convaincu que la France comprendra nos problèmes”, a-t-il déclaré.
Les dossiers ouverts à la manœuvre
Au sein de la majorité, l’ex-Ligue du Nord ne manquera pas une occasion même de relancer les combats et les demandes de la prochaine manœuvre économique (d’autant plus compte tenu des contraintes) et peut-être de les solliciter déjà sur la table du Conseil des ministres de lundi. Une rencontre au-dessus de laquelle plane le nouveau décret sur les migrants évoqué récemment par Salvini (affirmant que le ministre Piantedosi y travaille) et dont beaucoup assurent qu’il n’est pas encore prêt. Et qui sait s’il osera une proposition ponctuelle à la Commission pour la sécurité de la République qui, bien qu’officiellement convoquée en permanence sur le dossier des migrants, pourrait se réunir avant la séance de 12h30.