Pour le gouvernement flamand, la crise de la garde d’enfants sera de loin la partie la plus difficile des discussions budgétaires et du communiqué de septembre. Le CD&V veut plusieurs centaines de millions pour éviter la crise, mais la N-VA met déjà les bouchées doubles. Qu’est-ce qui est encore possible pour la garde d’enfants sous Jambon I ?
« C’est la déclaration de la dernière chance en septembre. Une injection historique est vraiment nécessaire dans la puériculture», affirme résolument Noëmi Willemen. En tant que membre du cabinet de crise Childcare, Willemen se rend chaque semaine depuis des mois au Parlement flamand pour maintenir la pression sur le gouvernement. « Nous sommes sans cesse choqués par le cynisme épouvantable de la N-VA. »
Willemen fait ainsi référence au coup de semonce lancé en début de semaine par le ministre flamand du Budget, Matthias Diependaele (N-VA). Avant même le début effectif des discussions budgétaires, Diependaele modère ses attentes en matière de garde d’enfants. Il n’y aura pas de « chèque en blanc », semble-t-il.
La N-VA souhaite en effet absolument maintenir la trajectoire budgétaire, qui pourrait amener le budget flamand à l’équilibre en 2027. Mais cela signifie qu’aucune dépense majeure ne peut être engagée pour le moment. En raison du refroidissement du marché du logement, le gouvernement flamand doit s’attendre à perdre 500 à 700 millions de revenus l’année prochaine. La N-VA prend donc déjà position : allouer des centaines de millions supplémentaires à la garde d’enfants n’est pas possible.
Chez CD&V, on sent déjà l’ambiance. Le président du parti, Sammy Mahdi, a clairement indiqué il y a quelque temps que, pour lui, le budget devrait doubler à terme, passant de 800 millions à 2 milliards par an. Ce grand pas ne devrait pas être fait d’un seul coup, mais les démocrates-chrétiens s’attendent à ce que ce gouvernement continue à rattraper son retard.
Hilde Crevits (CD&V), en tant que ministre des Affaires sociales chargée de l’accueil des enfants, ne montre pas pour l’instant ses cartes. Mais depuis un certain temps déjà, son cabinet estime qu’il faudra vraiment dépenser de l’argent. Crevits pourrait se présenter à la table des négociations avec deux points concrets.
Premièrement : quelque chose doit vraiment être fait pour réduire la norme relative aux enfants – le nombre d’enfants par superviseur. Aujourd’hui, les surveillantes de puériculture sont autorisées à avoir huit à neuf enfants à leur charge, et parfois même plus, lors de périodes exceptionnelles. Le secteur indique depuis un certain temps que cela est impossible. Les benchmarks internationaux montrent également à maintes reprises que la Flandre s’en sort bien moins bien à cet égard que des pays comparables.
Des solutions créatives
Deuxièmement : les subventions aux crèches les moins bien financées doivent être augmentées. Lors du précédent contrôle budgétaire, en septembre 2022, des fonds ont été débloqués pour mieux subventionner 3.000 places en crèche. Mais par la suite, pas moins de 9 000 places ont été demandées. Le CD&V souhaite que tous ceux qui ont été exclus puissent bénéficier des subventions supplémentaires l’année prochaine.
Selon les estimations précédentes, cela nécessiterait 60 à 70 millions supplémentaires par an. Et pour réduire d’un point la norme relative aux enfants – par exemple : de huit enfants à sept enfants par superviseur – il faudrait 100 millions par an. La facture s’additionne donc rapidement. Des sources au sein du CD&V indiquent que plus de 100 millions devront être mis sur la table lors des discussions budgétaires. Mais le parti se rend compte qu’un demi-milliard devient inaccessible.
La question est : d’où viendra cet argent si la N-VA ne veut pas alourdir le budget ? Diependaele souligne que chaque ministre doit chercher dans son propre domaine où des économies sont possibles. La députée N-VA se demande à haute voix si l’argent consacré à la garde d’enfants est bien dépensé : la différence entre les subventions pour les garderies collectives et les assistantes maternelles est bien trop grande. Pour Diependaele, les structures de garde d’enfants elles-mêmes doivent également être examinées.
Cela peut être considéré comme une attaque contre le pilier catholique, puisque les soins de groupe appartiennent en grande partie à ce pilier. Le message est également parvenu à CD&V et Open Vld. L’attaque a fait l’objet de nombreuses discussions au sein de la N-VA, car le ministre Zuhal Demir et le Premier ministre Jan Jambon ont également indiqué aux journalistes ces derniers jours qu’il y avait un problème avec le financement des abris collectifs.
« Nous trouvons cela vraiment déroutant. En fait, la N-VA affirme que les soins de groupe sont sur-subventionnés. Cela n’a vraiment aucun sens : même les crèches qui reçoivent plus d’argent sont dans une situation difficile”, déclare Willemen. «La N-VA souhaite principalement allouer de l’argent aux assistantes maternelles, car ces places sont moins chères pour le gouvernement. Mais personne ne veut aujourd’hui devenir assistante maternelle, précisément parce qu’elle ne bénéficie pas de conditions de travail durables.»
Au CD&V, il semble officieusement qu’il n’est pas faux de réfléchir à l’organisation de la garde des enfants ou à la priorité des parents. Mais cela ne change rien au fait qu’il faudra débloquer beaucoup d’argent. « Ce n’est vraiment pas anormal. Le secteur est sous-financé depuis des années.
Open Vld s’inscrit plus dans la lignée de la N-VA que de celle du CD&V. Des investissements sont nécessaires, estime le vice-Premier ministre Bart Somers, mais la marge budgétaire est faible : l’argent doit donc être utilisé le plus efficacement possible. Les libéraux voudraient travailler sur des « solutions créatives ».