Àsera diffusé sur la première TV, ce soir à 21h20 sur Canale 5, Le dernier duelfilm réalisé par Ridley Scott et avec des protagonistes Matt Damon, Adam Driver et Jodie Comer. Une histoire inspirée d’événements réels qu’elle raconte un viol contre une femme et son combat pour faire éclater la vérité. Démasquer le silence et les hypocrisies masculines.

Matt Damon : 10 rôles emblématiques

Le dernier duell’intrigue du film

Dans la France du 14e siècle, pendant la guerre de Cent Ans, le chevalier Jean de Carrouges (Matt Damon) défie en duel l’écuyer Jacques Le Gris (Adam Driver), coupable d’avoir violé sa femme Marguerite de Thibouville (Jodie Comer). Ce sera le dernier duel de Dieu légitimée par la loi française qui interdira désormais son exécution. A partir de ce départ, l’histoire qui a conduit au défi est reconstituée à travers trois flashbacks, chacun du point de vue de l’un des protagonistes.

Le contexte? Le décompte Pierre d’Alençon (Ben Affleck) gère ses biens et ses hommes de manière impulsive et maussade, mais il se laisse conseiller par son écuyer Jacques Le Gris (Chauffeur), bien qu’il ait un mépris particulier pour un chevalier, il le considère comme une épine dans le pied Jean de Carrouges (Damon). Et la situation empire lorsque de Carrouges lui-même accuse son « bras droit » d’avoir violé sa femme Marguerite de Thibouville (Jodie Comer). À une époque où leet les femmes n’ont pas exactement les mêmes droits, le conjoint doit porter la responsabilité de l’infraction. Qui a enfin l’occasion de faire pencher la balance en sa faveur en faisant appel au roi.

Mais quelle est la vérité? Pour le dire Ridley Scott divise le film en trois chapitresles deux premiers dédiés aux deux « prétendants » et le troisième à la dame victime de leur convoitise. En deux heures et demie, le public revit la même histoire à travers trois points de vue très différents. Parfois les mêmes dialogues et des mouvements identiques sont interprétés de manière diamétralement opposée par celui qui raconte sa version. Et la dichotomie masculin/féminin s’accentue.

Un Moyen Âge qui parle au présent

Inspiré de faits réels et tiré delivre du même nom d’Eric Jager, le film de Ridley Scott est en apparence complexe – de par la structure narrative répétée et découpée en trois chapitres – mais en réalité il possède une finesse rare et un scénario qui ne laisse quasiment aucune échappatoire. Définir comme le chef-d’œuvre d’Akira Kurosawa de 1950 Rashomon, le film est une mosaïque dans laquelle la vérité s’échappe continuellement, jusqu’à la troisième version. Celle de la femme victime de violences, seule à pouvoir légitimement parler de l’incident..

Alors que les deux premières perspectives tendent à donner une vision héroïque et patriarcale des faits, voire à les romantiser, Le point de vue de Marguerite révèle plutôt l’horreur qui se cache derrière la chevalerie.. Un monde barbare où le seul pouvoir qui compte est celui des hommes, où la justice n’existe pas et où la vérité peut vous coûter la vie. Le dernier duel, de ce point de vue, c’est aussi l’histoire du courage d’une femme qui choisit de dire la vérité à tout prix. Bousculer les usages de l’époque.

Adam Driver et Matt Damon dans une scène de « The Last Duel ». (Avec l’aimable autorisation des studios du 20e siècle)

Sir Ridley Scott, qui s’intéresse depuis longtemps au récit, s’est jeté corps et âme dans le projet. Revenir à un genre qui l’a toujours fasciné. Et qui, dans le passé, le voyait comme le protagoniste, comme dans le cas de Les Croisades – Royaume des Cieux. Scénario de Ben Affleck et Matt Damon, vingt ans après l’Oscar du Will Hunting – Génie rebelle, Le dernier duel c’est une histoire moderne mais certainement pas rhétorique ou sectaire. Bénéficiant également d’un impact visuel épique, comme les scènes de bataille grandioses, et d’un niveau d’écriture sublime, il équilibre parfaitement les scènes d’action et les moments intimes.

Sur la base de « il a dit/elle a dit », comme diraient les Américains, jeLe film s’inscrit parfaitement dans l’actualité des affaires de harcèlement et la violence apparue avec le mouvement du #Moi aussi. Un film ouvertement « féministe »qui a également vu une participation au scénario de Nicole Holofcener qui était responsable de la rédaction du dernier chapitre. Joué magistralement par Jodie Comer, capable de fournir de grands moments d’acteur sans jamais sombrer dans l’artisanat ou la rhétorique.

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