Michela Murgia avait pris en compte les critiques, elle était irréductible


ET Difficile de critiquer les morts. Pourtant, je ne trouve pas scandaleux que cela se fasse. Avec Michela Murgia comme avec n’importe qui d’autre. La mort publique de Michela Murgia était une manière littéraire, sentimentale mais aussi politique de se réapproprier ses idéespour demander plus de droits pour l’amour et plus de droits pour la mort.

Michela Murgia, mille vies et mille luttes : l'histoire de l'écrivain et activiste

Il avait pris en compte les critiques. Il est donc erroné d’attaquer ceux qui ne sont pas d’accord avec elle, ou d’accuser ceux qui ont exprimé leurs condoléances suite à sa mort de s’être opposés à elle auparavant. Michela Murgia était une irréductible. Si elle avait vécu dans l’Amérique du XIXe siècle, elle aurait fait partie de ces chefs de tribu qui ne pouvaient se résigner à être enfermés dans des réserves par les Yankees.

Je n’étais pas d’accord avec tout ce qu’il a dit et écrit. Je n’ai pas été convaincu par son « fascistomètre » (même s’il y a plus de fascistes et de profascistes en Italie que je ne le pensais). Une fois, par exemple, nous avons discuté poliment du concept de soin dans le spectacle de Corrado Augias, désormais dirigé par Giorgio Zanchini.

Pour donner un autre exemple, la bataille linguistique sur les fins risque, à mon avis, d’éloigner le sentiment des gens ordinaires des questions fondamentales. Mais sur le fond, Michela Murgia avait raison. L’Italie reste un pays machiste. Dans certains environnements de travail, horriblement masculins.

Trop de femmes italiennes doivent subir des violences, des chantages, des abus, qui tantôt marquent leur vie, tantôt les empoisonnent par de petits gestes trop souvent impunis. Il y a trop d’indulgence envers les meurtriers, les violeurs, les agresseurs, les agresseurs. Il existe encore trop d’inégalités dans les rapports de force dans de nombreuses entreprises. Il existe encore une discrimination à l’égard des femmes qui aiment d’autres femmes.

Et le fait que le machisme n’est pas réservé aux hommes, mais se transmet souvent de mère en fils – « reste assis à table, ta sœur se lève et débarrasse la table » mais aussi « la compagnie va à toi qui es l’homme » – confirme que il y a encore beaucoup de travail à faire. C’est pourquoi ce que Michela Murgia a dit et écrit restera.

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