Van Peteghem a désormais un bâton solide derrière la porte : il peut toujours émettre une nouvelle obligation d’État

Le matinLe journaliste Dimitri Thijskens rédige ce bulletin hebdomadaire « Notre argent ». Laissez votre adresse email ci-dessous pour le recevoir dans votre boîte mail.

Dimitri Thijskens

Un succès retentissant : il existe peu d’autres termes pour décrire l’émission d’obligations d’État d’une durée d’un an. Jeudi dernier, le premier jour où les inscriptions étaient possibles, il était déjà clair que des records allaient être battus. Alors que le bon dit Leterme a rapporté 5,7 milliards d’euros en 2011, le compteur du bon Van Peteghem s’élevait mercredi à 16,1 milliards d’euros. Et vous pouvez encore souscrire aux banques jusqu’à demain : la barre des 20 milliards d’euros sera sans doute arrondie. Du personnel supplémentaire est même déployé pour gérer la bousculade.

Bien sûr, il y a ici et là des critiques de la part des investisseurs et de l’opposition politique. Les experts soulignent également que cela constitue un véritable choc pour le secteur bancaire. C’est de l’argent que les banques devront refinancer d’une manière ou d’une autre. Mais dans l’ensemble, ce n’est pas si mal : 20 milliards d’euros ne représentent que 7 pour cent du total de 300 milliards déposés sur les comptes d’épargne. Depuis la crise bancaire, les banques ont été obligées de maintenir des volants de sécurité plus importants, autrement dit, cela ne les mettra pas à genoux. Même s’il existe quelques différences d’une banque à l’autre. Mais ce n’est que pour un an, il y a de fortes chances que cet argent revienne en masse sur les livrets d’épargne en septembre de l’année prochaine.

A moins que le ministre des Finances Vincent Van Peteghem (CD&V) ne décide d’émettre une nouvelle obligation d’État plus tard cette année. Il attendra sans doute la réaction des grandes banques. Et c’est là, au grand regret de ceux qui l’envient, la position luxueuse dans laquelle Van Peteghem s’est enfermé : il a un solide bâton derrière la porte. La simple menace d’en profiter à nouveau pourrait bien inciter les banques à augmenter de toute façon les intérêts de l’épargne. Et c’est ce qu’il s’apprête à faire. Sa mission est désormais plus que réussie.

«Mais le gouvernement aurait aussi pu organiser cette concurrence d’une manière différente, par exemple en proposant une obligation d’État sur trois ou cinq ans avec un précompte mobilier attractif», estime le professeur d’économie financière Hans Degryse (KU Leuven). Le professeur Paul De Grauwe (London School of Economics) estime que Van Peteghem devrait aller plus loin : « Ma proposition est qu’il répète cela au moins tous les trimestres. Une stratégie soutenue commencera à nuire aux banquiers. Sous la pression de la concurrence organisée par le ministre, ils seront contraints de reverser une partie des super bénéfices qu’ils réalisent actuellement aux épargnants plutôt qu’aux actionnaires.»

Piqûre froide

En attendant, il y a aussi de bonnes nouvelles pour ceux qui souhaitent acheter une maison : les prix de l’immobilier vont baisser d’un bon 3 % dans les mois à venir, selon une étude d’ING. «Nous prévoyons qu’il y aura un repli, mais en même temps, nous nous attendons à ce que les prix reprennent par la suite. Car les taux d’intérêt ont peut-être augmenté, mais ils pourraient aussi bientôt atteindre leur sommet», estime le chercheur Wouter Thierie. Il est donc temps d’entrer sur le marché immobilier.

Néanmoins, il reste également attentif à l’inflation, qui se situe toujours à 4,09 pour cent. Et les prix du diesel augmentent à nouveau. Par ailleurs, les inquiétudes concernant les prix du gaz n’ont pas disparu. Nous nous dirigeons vers un nouvel hiver sans gaz russe, dans lequel il faudra espérer que la première vague de froid ne se produira pas avant longtemps. Les Pays-Bas seront également confrontés à des problèmes dans neuf ans lorsque les réserves de gaz seront épuisées. Par mesure de précaution, il est donc préférable de conserver un peu d’argent sur votre compte épargne pour les dépenses urgentes.

Jusqu’à la semaine prochaine,
Dimitri Thijskens,
Journaliste économique



ttn-fr-31