La Belgique cessera temporairement d’accueillir des demandeurs d’asile célibataires de sexe masculin. Mais qu’est-ce qui attend ces hommes ? Que signifie la décision belge pour l’accueil néerlandais ? Et est-ce autorisé du tout ?
Qu’a décidé la Belgique ?
À partir d’aujourd’hui, les demandeurs d’asile célibataires de sexe masculin ne seront temporairement plus hébergés dans les centres pour demandeurs d’asile. On ne sait toujours pas quand cette règle s’appliquera. Thomas Willekens, du Conseil flamand pour les réfugiés, craint que cela ne prenne du temps, car les centres d’asile sont surpeuplés et il n’y a pratiquement pas de places d’accueil.
Qu’est-ce que cela signifie pour les demandeurs d’asile célibataires ?
Ils sont orientés vers le refuge pour sans-abri. Parce qu’en Belgique, il n’existe qu’un seul type d’accueil pour demandeurs d’asile, et il est désormais complet. Il n’existe pas d’abri d’urgence comme aux Pays-Bas.
« En théorie, ils seront toujours hébergés en Belgique », explique Martijn van der Linden du Conseil néerlandais pour les réfugiés. « Mais dans la pratique, nous devons encore voir comment cela fonctionne. Il y a de fortes chances qu’il n’y ait pas de place pour tout le monde. »
Willekens est d’accord. « Par exemple, le gouvernement a débloqué des fonds supplémentaires, ce qui a permis d’offrir mille cinq cents places aux sans-abri de Bruxelles. Mais environ 200.000 personnes ont besoin d’un endroit où dormir et de nouvelles personnes s’ajoutent chaque jour. C’est plus que suffisant pour accueillir tout le monde. »
Dans la pratique, il est possible que ces personnes se retrouvent à la rue. Cela s’est également produit l’année dernière : le Conseil pour les Réfugiés de Flandre avait déjà déclaré que certains hommes avaient vécu dans la rue pendant huit semaines. Et les enfants dormaient aussi dehors.
« Nous verrons peut-être à nouveau des camps de tentes ou des squats », déclare Willekens. « Mais il est également possible qu’ils ne demandent plus l’asile en Belgique et se rendent dans un autre pays. »
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Comment était la situation l’année dernière ?
Une situation similaire s’est déjà produite auparavant : selon Willekens, le problème a commencé en octobre 2021. Les demandeurs d’asile qui avaient déjà demandé l’asile dans un autre pays n’étaient pas autorisés à le faire en Belgique. Ils n’avaient pas non plus le droit d’être hébergés.
En mars 2022, le système a été mis sous pression avec l’arrivée de réfugiés ukrainiens. Depuis lors, les demandeurs d’asile célibataires originaires d’autres pays ne se voient pas immédiatement attribuer une place d’accueil, mais se retrouvent sur une liste d’attente.
« Fedasil, le COA belge (Agence centrale pour l’accueil des demandeurs d’asile, ndlr), invitait quotidiennement une vingtaine d’hommes de cette liste d’attente pour une place d’accueil. » Mais avec le nouveau plan, ce groupe n’a pas besoin d’attendre cela, car cette invitation ne sera plus reçue.
Des réfugiés dorment dans la rue en Belgique à cause de la crise de l’asile
Les Pays-Bas s’attendent-ils à davantage de réfugiés grâce à la mesure belge ?
« Ce qui va se passer maintenant est très imprévisible, mais nous n’avons pas l’impression que cela incitera les gens à continuer leur voyage », déclare Van der Linden. « Cela ne s’est pas nécessairement produit l’année dernière non plus. »
Il existe également diverses raisons pour lesquelles quelqu’un voyage dans un certain pays, explique Van der Linden. « Parfois, les gens ont un certain point de référence, comme la famille ou les amis qui vivent déjà dans ce pays. » Cela peut aussi être lié à la langue. « La Belgique est en partie francophone. Pour les personnes qui viennent d’un pays où l’on parle aussi le français, cela peut être une raison pour aller en Belgique, par exemple. »
Mais ce n’est pas non plus toujours un choix conscient. « Il se peut aussi qu’ils soient déposés en Belgique par des passeurs, alors qu’ils ont l’impression qu’ils se trouvent au Royaume-Uni. »
La Belgique peut-elle refuser ce groupe ?
La réponse courte : non. Les directives européennes stipulent que ceux qui demandent l’asile doivent être correctement accueillis, explique Carolus Grütters, chercheur au Centre de droit des migrations de l’université Radboud.
« Les pays bafouent en réalité les règles européennes pour gagner du temps. Un juge n’approuvera jamais la décision de la Belgique, mais il y aura toute une procédure avant qu’un juge ne la prononce réellement. Cela fait gagner du temps à la Belgique. »
La Commission européenne peut lancer une procédure d’infraction, mais la question est de savoir si cela se produira. « D’autres États membres européens, comme les Pays-Bas, devraient donc également être tenus responsables du fait qu’ils ne remplissent pas les conditions d’accueil du demandeur d’asile. Mais l’Europe ne le fait pas. Les pays le savent donc aussi : nous pouvons nous en sortir sans problème. «