Bart De Wever souhaite un large parti populaire flamand. Vous pensez peut-être : encore ?

Stavros Kelepouris est journaliste à Le matin.

Stavros Kelepouris

Le président de la N-VA, Bart De Wever, est un homme avec un plan. Pour donner à la Flandre ce qu’elle mérite, il veut former un large parti populaire flamand avec la droite de l’Open Vld et du CD&V qui puisse plier la Flandre à ses souhaits, comme l’État CVP l’a fait autrefois avec la Belgique. Vous pensez peut-être : encore ?

Le plan de De Wever n’est pas nouveau. Depuis plus d’une décennie, il rêve à voix haute d’un large parti populaire capturant le courant de fond flamand de centre-droit. A chaque fois le ton est le même : suivez-moi ou ce pays ira droit au ravin.

Il n’est pas surprenant que l’appétit des autres partis ne soit pas vraiment grand. Vincent Stuer, membre d’Open Vld, a rapidement prédit une offre publique d’achat hostile. De Wever n’est pas intéressé par une fusion, mais par un coup d’État. Il ne s’intéresse pas au programme de cd&v ou d’Open Vld, seulement aux parties de ces partis qui pensent déjà comme lui.

Mais ces régions ont depuis longtemps fait la transition. Les projets de De Wever sont en grande partie mort-nés. Ceux qui se trouvent encore sur le flanc droit du CD&V ou de l’Open Vld le font précisément parce qu’ils ne croient pas simplement à l’alternative que propose la N-VA. Pour ne citer qu’un exemple : de nombreux libéraux de droite et membres du CD&V n’aiment pas l’État que défend la N-VA et souhaitent laisser plus de place à l’individu ou à la société civile. Ce n’est pas un détail.

Le pays qui s’enfonçait dans le ravin depuis dix ans se révèle aujourd’hui étonnamment robuste. Mais cela ne veut pas dire que De Wever a complètement tort. La formation d’un gouvernement devient de plus en plus difficile en raison de la structure de l’État et de la fragmentation des partis politiques. Vivaldi avait besoin de sept partis au niveau fédéral, en 2024 il faudra peut-être quatre partis au niveau flamand pour former une majorité.

Et la réalité est que la SA Belgique se heurte à ses limites. Les finances publiques sont dans un état désastreux. Pendant des années, ce problème pourrait être quelque peu reporté car la politique pourrait s’appuyer sur une vague d’argent gratuit. La dette ne coûte rien. La guerre en Ukraine a propulsé cette époque dans les livres d’histoire avec un grand bang.

Tout le monde dans la Wetstraat se rend compte qu’une longue formation d’un gouvernement – éventuellement pleine d’incertitudes communautaires – et une phase interminable de l’actualité ne sont tout simplement pas une option. Il existe donc un risque de répétition du scénario de formation de 2010 et 2011, lorsque l’impasse politique avait amené les agences de notation à douter de la solvabilité de notre pays.

Au vu des sondages, il y a en effet de réelles chances que la formation devienne un enchevêtrement quasi inextricable. Mais c’est aussi la faute de De Wever lui-même, qui, en tant que politicien le plus important de Flandre, n’a pas réussi à construire des alliances entre partis depuis dix ans. Une tentative de coup d’État à moins d’un an des élections semble alors davantage faire partie du problème que constituer une solution.



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