C’est ce qu’a annoncé vendredi le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau. Il espère que les prix des vins français ne baisseront plus faute de demande. Pour de nombreux vignerons, la production n’est même plus rentable.

Le ministre finance la destruction avec 160 millions d’euros provenant d’un fonds spécial de subventions de l’UE. Elle a été créée il y a une vingtaine d’années, alors que l’Europe était aux prises avec un énorme excédent de vin, résultat de ses propres subventions agricoles. Les 40 millions d’euros restants proviendront du gouvernement français.

Le gouvernement utilise cet argent pour acheter les surplus aux vignerons. La quantité de vin qui sera détruite et à quoi ressemblera le processus n’est pas encore claire. L’alcool dégagé lors de la destruction est destiné à des produits tels que le gel désinfectant, les produits d’entretien et le parfum.

Boire de moins en moins

Dehors Nombres L’Observateur français des consommations de drogues et des addictions OFDT montre que les Français commencent à boire de moins en moins de vin chaque année. La consommation de bière, en revanche, reste stable ou en légère augmentation d’une année sur l’autre. En 2021, un Français moyen buvait environ 40 litres de vin et 30 litres de bière par an. A ce rythme, la bière deviendra à terme la boisson dominante en France. Les bières spéciales, en particulier, sont de plus en plus populaires.

L’inflation y contribue également, car elle a entraîné une hausse du coût de la vie et conduit les Français à acheter moins de produits de luxe au cours de l’année écoulée. L’augmentation des exportations n’offre aucune issue : des chiffres récents de la Commission européenne montrent que d’autres Européens occidentaux ont également commencé à boire moins de vin.

Entre-temps, les vignerons français n’ont pas commencé à produire moins de vin, si bien que l’offre et la demande ne sont plus en équilibre et que les prix baissent fortement. De nombreux vignobles perdent de l’argent à cause de cela. Cela est particulièrement visible dans la région bordelaise : selon le syndicat local des agriculteurs, un tiers des vignobles est en difficulté financière.

La région sud-est du Languedoc, connue pour sa production extensive de vins rouges corsés, est également confrontée à des problèmes majeurs. « Nous produisons trop de vin et le prix de vente est désormais inférieur au prix de production », a déclaré le président de l’organisation régionale des vignerons Jean-Philippe Granier à l’AFP. « Nous perdons maintenant de l’argent. »

Passer aux olives

La destruction du vin est essentiellement une intervention du gouvernement français sur le marché, destinée à maintenir les vignobles à flot. En juin, le ministère de l’Agriculture a déjà alloué 57 millions d’euros pour soutenir les vignobles en difficulté de la région bordelaise.

Mais, comme l’a souligné vendredi le ministre Fesneau, le fait que le gouvernement intervienne ne signifie pas que la filière vitivinicole française puisse continuer sur la même dynamique. « L’industrie doit regarder vers l’avenir et s’adapter à l’évolution du comportement des consommateurs », a déclaré le ministre. La France dispose déjà de subventions pour les viticulteurs qui souhaitent modifier (partiellement) leur activité économique et souhaitent, par exemple, produire des olives.

La France n’est pas le seul pays à avoir un excédent de vin. Il reste 2,8 milliards de bouteilles en Australie, qui pourraient également être détruites. L’excédent australien est en partie dû à un différend commercial avec la Chine, qui n’importe plus de vin australien.



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