Bart Eeckhout est commentateur en chef de Le matin.
« Les normes ont été délibérément abaissées », a déclaré ce week-end l’expert en éducation Dirk Van Damme Le temps. Il attribue cela à « un consensus progressiste doux sur l’éducation axé sur l’égalité des chances et l’éducation basée sur les compétences, loin de la connaissance, de l’excellence et de la réflexion sur l’élévation ». La barre a été implicitement abaissée pendant longtemps, d’après le raisonnement, pour que personne ne s’attarde, et ainsi la qualité s’est détériorée pour chaque enfant. Ce n’est en aucun cas la première fois qu’il développe ce raisonnement, mais le thème est suffisamment important. La répétition, comme tout didacticien le sait, est la base de l’acquisition des connaissances.
Van Damme ne veut pas dire cela de cette façon, mais il y a aussi un côté risqué à sa précieuse position. Certains pourraient mal comprendre le message comme un plaidoyer anti-égalité, car cela signifierait par définition abaisser la barre. Ce n’est pas le cas. Les inégalités restent un point sensible de notre éducation. Lutter contre ce n’est pas la même chose que baisser le niveau.
Un reportage dans notre journal du week-end sur une école dans un quartier diversifié de Gand a montré à quel point une politique active d’opportunités reste nécessaire dans notre éducation. Des figures intermédiaires font le lien entre les univers parfois très différents de l’école et de la situation familiale. Vous pouvez déjà entendre les critiques grogner qu’une école ne devrait pas s’en préoccuper. Mais pour ceux qui veulent vraiment faire de l’excellence de l’éducation à nouveau le moteur du progrès social, le renforcement de la position de départ de chacun doit rester une priorité.
On pourrait même dire que cette inégalité est liée au problème de qualité. La Flandre n’est en aucun cas la seule région d’Europe où des enfants défavorisés en sont au début de leur parcours scolaire. Vous pouvez même soupçonner que la fracture sociale doit être encore plus large ailleurs. Le problème est que l’inégalité ici se situe largement au niveau de l’école.
Il existe une très grande différence de niveau de qualité entre les écoles flamandes. C’est en partie le prix que nous payons pour la liberté d’enseignement historiquement très généreusement interprétée. Cette inégalité scolaire reste largement absente du tableau. Les familles sont livrées à elles-mêmes : vous inscrivez votre enfant et vous n’avez plus qu’à espérer que le choix se passe bien. Si elle s’avère décevante, les enfants issus d’un milieu prometteur sauront s’en sortir grâce à des parents attentifs et à un encadrement adapté. Ceux qui n’ont pas cette chance se heurteront au mur.
Des tests centraux seront introduits dans notre enseignement à partir de la rentrée prochaine. Le ministre compétent Ben Weyts (N-VA) a reçu quelques critiques à ce sujet, mais pour la raison expliquée ci-dessus, ces tests sont en principe une bonne idée. Enfin, il y aura un instrument pour comparer, surveiller et ajuster la qualité des écoles. La prudence reste de mise, car un tel test central peut aussi être détourné pour stigmatiser les écoles et ainsi créer de facto une ségrégation dans l’enseignement. Espérons donc que cette opportunité de progrès ne soit pas gâchée.